C'est fort de ce constat que le président de la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde), Louis Schweitzer, a soumis aux pouvoirs publics 17 propositions pour faire avancer le thème de l'égalité des chances dans l'emploi, le logement, l'éducation et la formation, thème de l'année européenne 2007. L'année européenne de l'égalité des chances, lancée en janvier dernier à Berlin, est passée inaperçue. « Il s'agit d'un combat pour une rupture. Il ne suffit pas d'exprimer des intentions, il faut prendre des mesures concrètes qui seront sources de justice et d'efficacité », observe Louis Schweitzer. CV anonyme non respecté, le nombre de discriminations en hausse, la Halde n'avait pas chômé. Le racisme tient toujours office de critère de sélection. Parmi plus de 10 000 réclamations reçues par la Halde en deux ans et demi, c'est la discrimination en raison de l'origine qui demeure la plus forte (33% des plaintes), devant les discriminations liées au handicap et à la santé (19%) et celles liées au sexe et à l'âge (6%). Les plaintes pour discriminations portent d'abord sur le domaine de l'emploi (près de 50%), le fonctionnement des services publics (14%), l'accès à des biens et des services privés (11%) et au logement (6%). Pour lutter contre les discriminations en matière d'emploi, le président de la Halde recommande que l'accord interprofessionnel relatif à la diversité dans l'entreprise, conclu en octobre 2006, se concrétise avec des accords spécifiques par branche. Le bilan social des entreprises devra intégrer un chapitre sur les actions prises contre les discriminations, ainsi que des actions d'information des salariés. Il a préconisé aussi plus de « transparence dans le recrutement », regrettant que le CV anonyme soit insuffisamment utilisé en l'absence de décret d'application. En matière d'accès au logement, un autre problème crucial, outre « une priorité effective » qui doit être donnée aux personnes handicapées, il a recommandé des procédures transparentes pour la sélection des dossiers dans le logement social. Le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale, Brice Hortefeux, reconnaît implicitement cette discrimination. Il rappelle que « s'il était indispensable de favoriser l'intégration des primo-arrivants, il fallait aussi agir en profondeur pour ceux qui, depuis longtemps sur notre territoire, subissent des discriminations » . Tout le monde associatif attend désormais le Plan banlieues de la secrétaire d'Etat à la politique de la ville. Rendez-vous donc, le 22 janvier prochain.