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Houari Boumediène, un homme, une ambition (2e partie et fin)
Publié dans El Watan le 27 - 12 - 2007

En parfait connaisseur du fonctionnement des sociétés modernes, H. Boumediène avait assez tôt compris que le fonctionnement de la société algérienne avait atteint un certain niveau de complexité, celui-ci imposant à ses élites dirigeantes de s'engager dans un processus de diversification des fonctions, de spécialisation des structures, et une division du travail dont le monolithisme politique et économique des années 1965-1977 avait bloqué l'émergence.
En même temps, il avait pris conscience des risques, voire des dangers du pouvoir charismatique, et notamment du paternalisme pédagogique qui fut un cuisant échec, en ce qui concerne la Révolution agraire et la Gestion socialiste des entreprises. Houari Boumediène n'avait certes pas renié la conviction qu'un système autoritaire est plus efficace pour accélérer la modernisation d'un pays dépourvu des infrastructures et des compétences humaines appropriées au moment de son indépendance, mais devant l'impasse à laquelle avait conduit l'application de son programme, il était désormais acquis aux nécessités du changement. Le dilemme de H. Boumediène peut se décliner en plusieurs interrogations. Comment assumer le changement politique ? Quel modus operandi adopter ? Avec l'aide de quels personnels politiques ? De quels experts ? Sur quelles forces sociales s'appuyer pour conduire le changement nécessaire, voire indispensable ? Comment rompre l'isolement de l'Algérie, lequel suppose la poursuite de la construction du Maghreb et l'accommodement du principe l'autodétermination du peuple sahraoui aux contraintes géo-stratégiques régionales ? Pour quel modèle de développement opter qui n'ait plus partie liée au socialisme bureaucratique ni davantage à la voie de développement non capitaliste, construction théorique et fumeuse, s'il en est (16) ? Enfin, comment remobiliser la population devenue d'autant plus rétive aux réformes qu'on lui impose, qu'elle n'en saisit guère la portée, qu'elle est confrontée quotidiennement aux pénuries de toutes sortes et qu'elle ne dispose d'aucun espace d'expression et de revendication. Ce qui est certain est que H. Boumediène ne disposait pas de sésame pour réussir rapidement la transition d'un système collectiviste où l'Etat occupe un rôle central à un système dans lequel l'Etat produirait de la régulation, sans pour autant renoncer à sa mission de gardien de l'intérêt général. Le président Boumediène entendait repenser l'ensemble des missions dévolues aux institutions de l'Etat dans une perspective de rénovation du modèle de développement économique, social et culturel. Il comptait renouveler et rajeunir le FLN. La tolérance à l'égard du PAGS augurait bien, en tout cas, d'une démocratisation progressive de la vie politique qui se serait étendue à d'autres sensibilités politiques, y compris celles qui eussent porté un projet de société de type libéral. S'agissant du choix des hommes, il est exact qu'il n'avait pas toujours eu la main heureuse et il s'en était repenti devant témoins. En ce qui concerne les « déserteurs de l'armée française » (les DAF) qu'il avait intégrés dans les structures de l'Etat (et notamment dans l'institution militaire), il n'est pas question de considérer les DAF comme un bloc homogène et soudé. L'honnêteté intellectuelle commande de séparer le bon grain de l'ivraie, ce qu'a tenté de faire, mais à sa manière, l'ancien ministre de l'Industrie et de l'Energie des années 1960 et 1970, Belaïd Abdesslam ; dans un ouvrage récent. Au demeurant, il serait d'autant plus injuste d'accabler l'ensemble des DAF que nombre de moudjahidine de la première heure furent loin d'adopter un comportement exemplaire au moment de l'indépendance, s'accaparant indûment de biens mobiliers et immobiliers et se convertissant aux affaires, grâce à des crédits bancaires complaisamment accordés et rarement remboursés. Il est clair que ceux-là cherchaient à prendre la relève des colons et disposer de l'Algérie à leur guise en la confisquant aux Algériens(17). Etre encore boumediéniste en 2008 n'a pas grand sens, d'autant que H. Boumediène lui-même n'était plus boumediéniste deux ans avant sa mort. L'auteur de ces lignes n'a été guidé dans ce plaidoyer que par l'admiration, autant que par l'affection qu'il porte à l'ancien président algérien. Il ne s'agit pas de réhabiliter coûte que coûte un homme qui n'a pas été infaillible et dont le parcours, depuis son accession à la tête de la Wilaya V, n'a sans doute pas été rectiligne. C'est ainsi le destin de tous les hommes de pouvoir et particulièrement de celui des pionniers et des précurseurs d'Etats modernes. Les Algériens et notamment les jeunes et les moins jeunes qui n'ont pas connu H. Boumediène doivent savoir que celui-ci aimait profondément l'Algérie et qu'il nourrissait l'ambition de faire accéder notre pays au rang d'une puissance régionale incontournable. Il le serait assurément aujourd'hui s'il avait pu achever sa mission, désigner ses successeurs auxquels il aurait laissé une feuille de route simple : servir l'intérêt général sur la base d'une politique excluant tout dogmatisme. A cet égard, rien ne nous paraît plus fallacieux que d'affirmer, contre toute évidence historique, que le régime de H. Boumediène était un « régime militaro-autoritaire »(18). En aucun cas, la légitimité historique controversée mise au passif de H. Boumediène, l'amalgame douteux entretenu entre sa dimension d'homme d'Etat et la carrure purement répressive et policière d'un Boussouf ne doivent oblitérer la sérénité du jugement que l'historien se doit de porter sur les 50 dernières années de l'histoire de notre pays. A ceux pour qui les expériences historiques internationales tiennent lieu de référentiel à la compréhension de notre propre passé, c'est le lieu de rappeler qu'il n'est pas jusqu'à Napoléon 1er qui ne disposait d'aucune légitimité au moment du coup d'Etat du 18 brumaire (novembre 1799) ou à sa proclamation comme empereur des Français et roi d'Italie après l'exécution du duc d'Enghien (décembre 1804). Quant au général de Gaulle, il revient aux affaires en mai 1958 dans des conditions assez peu respectueuses de la légalité républicaine. Cela ne l'a pas empêché de mette en place les institutions politiques les plus démocratiques que la France eût pu prétendre à ce moment-là. Les mêmes observations valent, mutatis mutandis, pour le coup d'Etat militaire fomenté par les officiers libres nassériens pour déposer le sultan Farouk, en 1952. L'absence de légitimité originelle du colonel Nasser, a-t-elle fait obstacle à son dévouement total à la cause du peuple égyptien, quelque opinion que l'on ait du socialisme nassérien ? Quoi qu'il en soit, on peut tenir pour acquis, quelles que furent les erreurs commises par H. Boumediène dans sa gestion des affaires de l'Etat, il allait redresser définitivement la situation de l'Algérie à partir de 1977 et lui permettre de sortir du sous-développement vers la fin des années 1990. C'était l'horizon qu'il s'était fixé, s'ouvrant de ses intentions, en novembre 1978, alors qu'il se trouvait à Moscou pour y être soigné, à notre ambassadeur en URSS, Abdelkrim Benmahmoud qu'il entendait réintégrer dans le cercle de ses conseillers les plus proches.
Références : -16) V. A. Mahiou, Cours d'institutions administratives, OPU, Alger, 1981.
17) Comme le prouvent les tâtonnements théoriques de la doctrine économique algérienne. V. A. Benachenhou, Planification et développement en Algérie, Imp. Com, Alger, 1980 ; Me Benissad, économie du développement de l'Algérie, 1962-1978, OPU, 1979.
18) Pour une vision radicalement opposée, V. A. Yefsah, Le Processus de légitimation du pouvoir militaire et de la construction de l'Etat en Algérie, Anthropos, Paris, 1982.
L'auteur est Professeur d'université


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