S'il y a une évidence, qui a fini par synchroniser l'avis de l'ensemble des Skikdis, c'est bien l'état déplorable dans lequel se trouve leur ville. Sans chercher à tirer sur les ambulances, Farhat Ghanaï, le nouveau maire de Skikda, reconnaît lui aussi la gravité de la situation et se dit d'emblée prêt à faire le maximum pour redorer le blason de l'antique Rusicade. Comment ? F. Ghanaï et son dauphin, le jeune Abdelkrim Laïfa, se sont volontiers prêtés à un entretien diffusé pour annoncer la couleur et aussi pour prendre à témoin tout un lectorat. Ils exposent, tel un gage de réussite, deux ou trois actions déjà amorcées, alors que l'exécutif communal vient à peine de se constituer. « Nous sommes parvenus à régler en moins de dix jours des problèmes qui demeuraient en suspens depuis des années », lance le maire avant d'expliquer : « Après plus de quatre années de blocage, nous venons enfin de réussir le transfert des employés de la commune vers l'agence nationale de l'assainissement. Cela devra améliorer la gestion de l'assainissement. Nous sommes également parvenus à débloquer la situation qui prévalait au stade du 20 Août, et qui retardait l'aménagement de la nouvelle pelouse. Les travaux vont reprendre incessamment ». A la question de savoir l'idée que se fait le nouvel exécutif, à majorité FLN, de sa ville, le maire répond : « Nous sommes porteurs d'un programme, et nos multiples déplacements, lors de la campagne électorale, nous ont permis de cerner au mieux les manques. A notre sens, les points noirs sont la défectuosité de l'assainissement. Skikda est devenue synonyme de gadoue en hiver et poussière en été. Il y a aussi l'état déplorable des routes, le manque flagrant d'espaces verts, le manque d'aménagement des lotissements… ». Le constat d'échec est encore long à exposer, encore faut-il proposer du concret pour y remédier. A. Laïfa prend le relais pour dire : « Nous venons de lancer une étude pour le redéploiement du personnel communal. Nous voulons travailler concrètement et sur des bases conformes. Nous venons de décider de doubler le nombre de délégués, qui passe désormais de quatre à huit : Ben M'hidi, Stora, Merj Eddib, Zeramna, Bouyala, Sicel-700 logements, Boulekroud-Béni Malk, et enfin Bouabbaz -la petite zone ». Le rôle des délégués sera consolidé par l'octroi de bureaux et d'équipes pluridisciplinaires. A ce sujet, le maire évoque plusieurs exemples de « laisser-aller » qu'il a relevés, et a cité ainsi le cas de Oued Chadi : « On a découvert que les habitants de Oued Chadi souffraient d'un manque flagrant en AEP, alors que le château d'eau alimentant Stora est juste à côté. Nous estimons que c'est là une preuve de laisser- aller ». L'autre nouveauté du nouvel exécutif consiste, selon A. Laïfa, à scinder la ville en deux zones, qui déclarera : « Nous trouvons inconcevable que l'équipement communal soit sous-utilisé et mis dans sa globalité sous une seule tutelle. Le fait de disposer de deux zones permettra de dispatcher le matériel d'intervention pour optimiser et fructifier le rendement ». Mais, diraient les citoyens, projeter c'est bien, concrétiser c'est mieux. A ce sujet, que va faire la nouvelle équipe communale d'ici deux ou trois mois ? Quels sont les actions urgentes qu'elle va mener ? Le maire et son adjoint répondent : « Nous allons nous atteler déjà à colmater les routes pour assurer au moins l'essentiel, en attendant de relancer le projet de réfection des routes. Nous voulons éviter la catastrophe de la route de Sidi Ahmed. Nous allons, pour commencer, mettre fin à l'obscurité qui caractérise notre ville, et assurer une meilleure gestion des ordures ménagères. Ce sont des actions urgentes que nous mènerons ces jours-ci ». Il reste à savoir que l'APC entend en finir avec l'externalisation douteuse et anarchique de la gestion des déchets, et mettra fin à la clochardisation des espaces verts. Beaucoup de promesses et aussi beaucoup de projets, ainsi que de la bonne volonté. Le citoyen, comme d'habitude, attend pour voir, et espère qu'il n'aura plus à entendre encore le même chant de sirène. Skikda n'a plus le droit de perdre encore un quinquennat dans les méandres populistes .