Les Algériens sont de moins en moins enclins à faire des folies pour s'amuser. Le réveillon est passé comme une soirée presque banale. Le froid et la pluie conjugués aux craintes sécuritaires expliquent en grande partie cette ambiance timide constatée durant la nuit du 31 décembre 2007 au 1er janvier 2008. Les hôtels de rang international, les grandes surfaces publiques ou les grandes ruelles affichent une atmosphère sans ambiance. C'est le cas d'Alger, connue pour son climat jovial, qui affiche une mine morose sous des crachins de pluie. Une des raisons qui amène les Algérois à préférer savourer la bûche en famille et partager des moments de convivialité. En ce qui concerne les grands hôtels de rang international, à savoir le Sofitel, le Hilton, le Sheraton, El Djazaïr et le Mercure, le réveillon 2008 est placé sous le signe de la sécurité qui a été grandement renforcée. Quant aux prix, ils varient selon les lieux, mais surtout selon que l'on choisit les formules des dîners dansants avec ou sans chambre, ou celles des clubs. L'hôtel Hilton, à titre d'exemple, propose deux formules : le restaurant Sara où le menu est à 12 500 DA par personne, et pour les budgets plus serrés, il y a le restaurant self-service Tamina où le menu est à 4000 DA par personne toujours. Autrement, pour ceux qui préfèrent l'ambiance club, l'accès est à 7000 DA et la soirée sera animée par deux Dj locaux, Dj Lams et Dj Picasso et un troisième ramené tout spécialement de Londres. Des tarifs qui restent tout de même inabordables pour la grande majorité des Algérois, notamment les jeunes. D'ailleurs, une virée dans le Hilton durant la soirée du lundi nous fait découvrir une atmosphère timide et l'ensemble des salons étaient vides. Un ancien agent de cet établissement lance dépité : « Le temps de l'ambiance est terminé depuis 1985. » Le Monument ne déroge pas à cette règle. A 22h, les halls sont vacants et peu de monde circule. « Rien n'indique que c'est un réveillon. On dirait un jour de semaine », dira Djamel, un jeune étudiant de Salembier. Les prix pratiqués pour l'accès à un club varient de 5000 à 7000 DA. A l'hôtel Mercure, qui propose une nuit entre 20 000 et 24 000 DA, les couples se comptent sur le bout des doigts. Au centre d'Alger, rue Didouche Mourad, 22h30, la circulation est presque figée. Amina, en compagnie de sa mère à la recherche d'une bûche, avoue : « Je préfère passer la soirée en famille et regarder un peu la télévision. En fait, presque une nuit ordinaire. » Dans les cafés, les gens fuient la pluie pour siroter une boisson et discuter de la hausse des prix des huiles et de la semoule mais aussi de la rareté du lait en sachet et du pain. Les jeunes, eux, continuent leurs polémiques sur les clubs de football et sur les résultats du championnat. Pour les autres villes du pays, de Annaba à Oran, rien n'a presque changé dans le train-train de la vie quotidienne hormis quelques grands hôtels qui affichent des ambiances chaudes mais usées.