Comme chaque fin d'année, il suscite chez les Algériens un engouement particulier, ce qui fait du 31 décembre, une date aussi importante que le Mouloud ou l'Achoura. Le 31 décembre, c'est surtout l'occasion pour une grande partie d'Algériens de se relâcher et de fêter comme il se doit cette fin d'année. Certains, ont déjà réservé dans les hôtels grand standing et les restaurants de luxe de la capitale. A l'hôtel El-Aurassi, comme au Sheraton et au Hilton en passant par Es-Safir et El-Djazaïr, tout est complet. Les responsables de ces établissements n'avaient même pas besoin de faire de pub pour les clients. Les prix de la «soirée réveillon» varient selon, le classement de l'hôtel, entre 10.000 DA et 28.000 DA. Pour les VIP, une suite présidentielle est réservée avec un dîner aux chandelles et un groupe musical. Pour ceux qui ont opté pour la formule simple, et ils sont nombreux, ils se contenteront d'une simple table, d'un buffet et d'un DJ pour l'animation de la soirée. Pour les plus chanceux, et surtout les véhiculés, le réveillon sur le littoral est le plus intéressant. Après un dîner copieux de 4.000 DA le couple, à Staouéli ou à l'abattoir du Ruisseau, les fêtards du Nouvel an 2002 se dirigeront vers les boîtes de la banlieue. La plus prisée reste L'Acropole de Raïs Hamidou avec sa formule abordable de 3.000 DA par personne. A ce tarif, la boîte la plus fréquentée de la capitale affiche complet dès le mois de septembre. En effet, les habitués des lieux avaient déjà réservé pour le 31. Il y a aussi L'auberge de Chéraga qui affiche aussi complet et qui devra, comme chaque année, faire face aux irréductibles qui veulent se glisser parmi la fidèle clientèle. Avec un tarif de 3.000 DA, les «réveillonistes» auront droit, à beaucoup de musique, à un buffet froid, mais surtout à un lot important de cannettes de bière. Car la tradition veut que, durant la soirée, tout le monde boive un peu plus que de coutume. Ce qui risque de provoquer de nombreuses bagarres et accidents de voitures. Pour les plus malins, qui ne veulent débourser aucun sou, le mieux c'est d'être invité à une soirée privée ou à une réception dans une ambassade. Pour les jeunes, dont les parents sont partis en Europe ou en Tunisie, l'idéal pour fêter le réveillon c'est de l'organiser chez eux dans une villa ou un grand appartement. C'est le cas notamment de plusieurs filles à papa qui organisent dans la villa de leurs parents, des surprises-parties, dont le menu est généralement copieux. Les invitations sont généralement distribuées dans des centres fermés et dans les circuits culturels habituels CCF pour les proches de l'ambassadeur français et ALC (Algerian Language Center) pour les plus proches de l'ambassadrice américaine. Pour ceux qui ne sont pas arrivés à dépasser le barrage sécuritaire des ambassades occidentales, ils se rabattent sur les ambassades africaines dont l'accès est beaucoup plus souple et l'ambiance plus colorée et feutré. Il y a aussi ceux qui préfèrent les restaurants et leur ambiance conviviale. Avec un dîner à la dinde, une danse du canard et quelques slows bien choisis, la soirée risque de se terminer plus tôt que prévu. Pour d'autres qui n'auront pas assez d'argent pour se payer une soirée de réveillon et accéder aux boîtes de nuit faute de petite copine (la sienne ne sortant pas le soir), ils se contenteront d'une simple virée nocturne en voiture ou à pied afin de se rassembler pour le souvenir, à la Grande Poste, là où il y avait la fameuse horloge électronique de Mehri, offerte à l'occasion du millénaire à Rahmani et qui servait de repère identitaire pour les Algérois. Une sorte de «Big-Ben» ou de «Champs-Elysées» où les Algérois assistaient au compte à rebours du passage à la nouvelle année. Cette place, sera moins animée que les précédentes années, mais verra tout de même passer un bon nombre de jeunes qui gardent encore espoir pour l'année prochaine. Parallèlement à ces fêtards invétérés, il y a le petit peuple et ces gens simples qui ont toujours choisi le cadre familial pour fêter le réveillon, avec une simple bûche de 400 DA, un poulet moyen au même prix, des patates à 30 DA et une bouteille de Hamoud à 25 DA. C'est simple et consistant, mais pour ceux-là, c'est sans doute, la plus belle manière de fêter le changement d'année.