Al'instar des autres régions du pays, Tizi Ouzou connaît une « poussée » de bidonvilles. Les services locaux de l'urbanisme et de la construction (DUC) ont recensé 98 sites d'habitat précaire dans 18 daïras sur les 21 que compte la wilaya. Pratiquement, toutes les communes sont concernées par ce phénomène, signe d'une précarité sociale qui prend de l'ampleur au fil des années. Pour répertorier ces lieux de « résidence », les enquêteurs de l'administration se sont basés sur une note ministérielle qui définit les catégories d'habitations considérées comme précaires. Il s'agit des « logements » réalisés avec des matériaux disparates qui proviennent le plus souvent de récupération. Un groupe hétéroclite de baraquements frustes érigés sans ossature ou structure assurant leur stabilité et dépourvus d'un minimum de confort. L'enquête de la DUC a fait ressortir que la vallée des oueds Sébaou et Sebt est le lieu de prédilection des créateurs de ces nouveaux villages peuplés par des centaines de familles. Le choix porté sur ce site « stratégique » est motivé par la nature de l'activité exercée par les habitants de ces bidonvilles, à savoir l'extraction de sable. D'autres investissent le créneau de la récupération des produits en plastique, une pratique commerciale en vogue dans la région. Selon le constat établi par la direction de l'urbanisme et de la construction, les principaux bidonvilles sont basés sur l'axe Mekla - Tizi Rached - Irdjen - Tizi Ouzou - Draâ Ben Khedda - Tadmaït. Le chef-lieu de wilaya compte le plus grand nombre de sites d'habitat précaire (12), suivi de la commune de Draâ Ben Khedda (9), Draâ El Mizan (8), Tadmaït et Tizi Ghennif (6 chacune). Les régions des Ouadhias, Azazga, Sidi Naâmane et Boghni sont touchées elles aussi par la prolifération des taudis. A Boghni, une quarantaine de familles de la cité Base vie installées dans des baraques attendent d'être relogées depuis 1990. La situation y est invivable pour les résidents, notamment en hiver. Outre le manque d'hygiène, les enfants sont exposés à toutes sortes de maladies. A Oued Aïssi, le bidonville installé près de l'hôpital psychiatrique depuis plus de 20 ans offre un spectacle de désolation. Parquées dans des masures misérables, les familles survivent dans des conditions exécrables. Ici, il n'y a ni électricité ni réseau d'assainissement, encore moins celui de l'alimentation en eau potable. Infiltrations de pluie en hiver, chaleur infernale et essaims de moustiques en été, les habitants endurent le martyre à longueur d'année. En dépit des requêtes adressées aux autorités locales, rien n'a été fait pour leur recasement. En 1994, le wali avait promis de se pencher sur la situation de ce bidonville et que des solutions allaient être trouvées avant fin…1995. « Tous les engagements de l'Etat sont restés sans suite », déplorent des citoyens en colère. Les habitants du bidonville de Chaoufa sur la route de Azazga sont logés à la même enseigne en matière de misère sociale. Installés il y a 40 ans sur une assiette qui ne leur appartient pas, les 900 résidents de ce bourg relevant de la commune de Mekla continuent à caresser le rêve d'une régularisation.