Dans son bilan de l'année 2007, la direction du commerce de la wilaya de Annaba fait état de 36 981 commerçants exerçant à l'échelle de la wilaya, à travers six secteurs, à savoir la production industrielle, l'artisanat, le commerce de gros et de détail, l'importation et les services. A côté de 22 marchés informels, Annaba compte 1 marché de gros, (en plus d'un autre en cours de construction), 19 de détail et 11 souks hebdomadaires. Devant cet important nombre de marchés, dont la majorité est informelle, un véritable répertoire des difficultés a été dressé par les agents de contrôle. Les représentants de la DCP de Annaba tirent la sonnette d'alarme sur l'anarchie qui s'est installée dans le secteur du commerce local. Beaucoup plus, une alerte lancée à destination des décideurs pour réhabiliter cette activité. Leur constat est motivé par la généralisation de la pratique commerciale informelle, c'est-à-dire sans registre de commerce, l'impossibilité d'identifier ceux qui en sont bénéficiaires, ainsi que l'indisponibilité des documents techniques et juridiques de base nécessaires au contrôle. Découragés par les menaces, intimidations et autres actes agressifs, dont ils font l'objet lors de leurs interventions, ces inspecteurs, chargés de réguler les activités économiques, se posent des questions sur la finalité de leur mission. A ce propos, un de ces inspecteurs contrôleurs, qui a requis l'anonymat, argumente : « Lors de nos différentes interventions, particulièrement celles opérées tôt le matin au niveau du marché de gros, nous avons constaté que des produits de qualité douteuse, et éventuellement impropres à la consommation humaine, sont mis en vente par des commerçants sans scrupules. Toute tentative de notre part de procéder au contrôle est vouée à l'échec face aux menaces dont nous sommes victimes ». Conséquence : au-delà des risques encourus par les consommateurs, la fraude sur la qualité et la majoration excessive des prix ont atteint des seuils intolérables. Un grossiste ambulant affirme à ce sujet : « Je suis commerçant, et j'active dans tout ce qui est possible de générer des bénéfices dans l'agroalimentaire. En ce qui concerne les produits que je commercialise, je n'ai pas les moyens de conservation. Etant ambulant, je fais confiance à mes fournisseurs. Mais les agents de la DCP me harcèlent à chaque fois. Mes amis commerçants m'ont appris qu'en cas de problème avec les services de contrôle, il faut aller à la justice, bête noire de ces services. En cas d'amende, refuser de payer impose la transmission du dossier à la justice, dont la décision serait, de loin, plus clémente que celle de la DCP ». Il n'y a pas que le marché de gros ou la fraude, la spéculation et la commercialisation des produits avariés sont banalisés. Partout dans le périmètre de la wilaya, l'on n'hésite pas à enfreindre toutes les lois, même au péril de la vie des consommateurs.