Qui a dit que les Algériens ne s'y intéressaient pas : le jazz a ses mordus chez nous. Le concert de Shereen Francis et Tim Richard donné à l'auditorium du Complexe culturel Laâdi Flici à Alger en est la preuve. Même les pluies qui se sont abattues sur la capitale n'ont pas dissuadé les fans qui sont restés bien au-delà de minuit. Quant à l'auditorium de l'établissement de la wilaya, Arts et culture, celui-ci n'a pas enregistré les couacs souvent subis par le public présent. Pour son premier concert en Algérie, le groupe anglais a noté l'engouement pour le jazz que l'on ne retrouve pas souvent dans leur pays d'origine. Selon eux, le jazz a perdu du terrain depuis quelques années déjà face à des musiques moins exigeantes mais beaucoup plus dansantes et technicistes. Les Amstrong and co n'ont plus la cote. Shereen Francis, une Anglaise de parents jamaïcain et indoue ne manquera pas de relever qu'en 2002, elle a visité la Libye et elle en garde une bonne impression. Le sourire en coin, elle subjuguera son public et affirmera que le travail avec le groupe a commencé il y a cinq ans et se poursuit toujours. La gestuelle formidable, Tim Richard, le pianiste du groupe, saura tirer des sonorités inimaginables à l'instrument. Les autres musiciens au saxo, à la contrebasse et à la batterie participeront à cet effort à leur manière. La vocaliste interprétera Night of Tunisia, qui a pris pour la circonstance un autre titre, Night of Algeria puis un morceau de gospel et une version jazzie d'une chanson de Whitney Houston. Le reggae, musique de ses ancêtres, n'a pas été oublié pour autant. Les sonorités de ces diverses musiques s'entremêlent sans jamais lasser le public. Ce jazz patchwork avec ses sonorité en accepte d'autres sans problème. La World-music retrouve avec ce groupe anglais une consistance que l'on retrouve rarement chez d'autres musiciens qui crèvent souvent l'écran. Même la vocaliste n'a rien à envier aux chanteuses qui ont fait de ce genre musical ce qu'il est.