Dans son dernier livre « L'œuvre de Ibn Yûsuf al-Sanûsi », l'écrivain prolixe et philosophe, Mohammed Souheil Dib contribue à une meilleure connaissance de l'école rationaliste de Tlemcen des XIVe et XVe siècles, en expliquant que « il y a peu de travaux sur Sanûsi qui a pourtant été, selon le fin mot de Jacques Berque, l'éminent champion en matière de Fiqh et de théologie et dont les célèbres traités ont fixé pour longtemps les sciences religieuses au Maghreb ». Selon M. Dib, la lecture des textes hagiographiques de l'époque et leur forte teinte d'irrationnel est déjà significative par elle-même que l'on se penche sur Unwân al-dirâyâ, de Ghubrînî (1246-1304), ou sur al-budtân, d'Ibn Mariam (1577-1602), le premier étant consacré aux savants et aux saints de Béjaïa, antérieur au second qui rassemble ceux de Tlemcen. Cela n'a pas empêché que se manifeste, parfois, une prise de conscience d'une forte lucidité : témoignent les critiques d'un Abîlî (le meilleur représentant de l'école rationaliste classique de Tlemcen 1282 (Tlemcen)-1356 à Fès) à propos de la qualité des ouvrages de l'époque, de la compétence des enseignants, du rôle des madaris ou d'un Ibn Khaldoun, disciple d'Al-Abîlî. « C'est dans le sillage de ce plaidoyer en vue de l'appropriation d'un savoir véritable que se situe l'œuvre de Sanûsî », explique l'auteur. A lire absolument. Mohammed Souheil Dib est auteur d'une quinzaine d'œuvres romanesques, dont Les amants du Djebel Amour et la quête et l'offrande, ainsi que d'une dizaine d‘essais et de critiques dont Anthologie de la poésie populaire algérienne et les Nourritures de la passion, Chants mystiques d'Abû Madian.