L'Algérie pourrait adhérer à l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) ou tout au moins requérir le statut de pays observateur lors du prochain sommet de la francophonie, dont les travaux se tiendront les 26 et 27 novembre prochains à Ouagadougou (Burkina Faso). Dans une contribution publiée dimanche dans Le Quotidien d'Oran, Kamel Rezag Bara, actuellement membre de la Commission africaine des droits de l'homme, outre de confirmer la participation du président Bouteflika à ce rendez-vous, donne en ce sens une assise concrète aux informations ayant présenté comme imminente l'adhésion de notre pays à l'OIF. M. Rezag Bara, anciennement ambassadeur d'Algérie à Tripoli, ne tranche pas la question par souci, sans doute, de réserver la primeur de l'annonce de l'événement au président de la République. Dans sa contribution, il a néanmoins annoncé les prémices d'une action allant dans le sens d'une intégration de l'Algérie à l'OIF. Kamel Rezag Bara - qui a valeur de source autorisée - énumère avec la précision d'un horloger les éléments plaidant en faveur de l'entrée de notre pays à cette organisation regroupant actuellement 51 Etats membres et 5 Etats observateurs. Pour faire valoir l'option de l'adhésion, l'ancien président de l'Office national des droits de l'homme (ONDH) s'attarde particulièrement sur les contextes national et international dans lesquels intervient ce 10e sommet de la francophonie, les objectifs et évolutions ayant marqué l'organisation des pays francophones. Il mettra également l'accent sur « l'évolution significative des relations entre la France ayant en partage avec elle l'usage total ou partiel de la langue française ». Un fait, dit-il, particulièrement vrai dans le cas de l'Algérie, qui était déjà présente en tant que pays invité au sommet de la francophonie de Beyrouth en 2002, et « qui sera également représentée au sommet de Ouagadougou par une importante délégation, sous la haute présidence du chef de l'Etat, M. Abdelaziz Bouteflika ». La pédagogie et l'effort d'explication déployés par l'ancien diplomate cachent probablement le souci d'insister sur l'idée que les réserves émises par l'Algérie à l'égard de l'OIF, par le passé, ne sont plus d'actualité. Soulignant d'ailleurs le caractère politique et mondial de l'espace francophone représenté par l'OIF, M. Rezag Bara rappelle que l'Algérie considère la langue française comme un « tribut de guerre » et indique que pour notre pays la question de l'appartenance à l'espace politico-culturel francophone ne semble plus devoir être posée autour de la problématique fondamentale « d'y être ou de ne pas y être ». Pour soutenir son raisonnement, il puise ses arguments d'une déclaration dans laquelle le chef de l'Etat, « tout en affirmant que la société algérienne repose sur le triptyque du socle identitaire arabo-islamique et amazigh, a marqué en de nombreuses occasions son désir de lever certains tabous, dont celui de la reconnaissance de la place de la langue française en Algérie ». Il relève aussi le désir, de part et d'autre (du côté de l'Algérie et de la France, ndlr), « de dépasser les tourments et les ressentiments de la longue nuit coloniale » et le fait que « la sagesse des nations semble estimer venu le moment propice pour cicatriser les blessures de la colonisation et consolider les fractures de la lutte pour la libération nationale (...) ». Kamel Rezag Bara considère, ainsi, que l'ère du partenariat entre deux pays souverains est venue dans la pleine égalité des droits et des devoirs de chacun « dans tous les domaines, et particulièrement à l'égard de l'une des composantes de leur volonté commune de refondation de leurs rapports d'Etat : l'usage commun de la langue française ». L'ancien ambassadeur d'Algérie à Tripoli, qui qualifie, au passage, de « lieu commun » le fait de constater qu'en terme d'usage vernaculaire de la langue (française), l'Algérie est devenue le deuxième pays francophone après la France, invitera néanmoins à en « tirer toutes les conséquences, notamment en prenant la place qui revient à notre pays dans l'Organisation internationale de la francophonie ».