La dernière édition de la revue d'études et de la critique sociale Naqd (n°24), que dirige l'historien Daho Djerbal, consacrée à l'étude de toutes les formes de violences, ne pouvait mieux tomber en cette période caractérisée par des actes terroristes dans le monde, particulièrement en Algérie. Terrorisme. Etats et sociétés, à paraître dans les prochains jours, revisite lucidement le concept du terrorisme et de la terreur dans ses différentes facettes. Cette revue comporte des contributions de sociologues, philosophes, écrivains et des historiens de renom, à l'image de Samir Kumar Das, Fransisco Naishtat, Bechir Chourou, Frédéric Teyrat, Pardip Kumar Bose, Abdelghani Imad, Didier Bigo, Alain Bossat… qui explorent les profondeurs d'une question qui reste d'actualité, notamment en Algérie. « La question est importante parce que le monde est aujourd'hui frappé par différentes sortes de terreur qui peuvent être les faits d'individus, d'Etats, d'anarchistes, de mouvements nationalistes ou religieux », lit-on dans l'exposé de cette revue. D'après Naqd, « la diversité de ces manifestations nous impose d'identifier les différentes sortes de terreur qui existent et de les distinguer, au moment même où l'on cherche à faire disparaître leurs différences à travers l'invention et l'emploi généralisé du terme ‘terrorisme' ». Naqd prend l'exemple de la société musulmane où, lit-on, le concept « salafiya continue d'être lié à tous les courants d'obédience islamique ». A ce titre, pour mieux comprendre la problématique de ces courants, Naqd tente d'en faire, à travers ce dernier numéro, une approche sous forme d'enquête conjuguant à la fois l'histoire et le contexte sociopolitique dans lequel ils sont apparus en Algérie comme au Maroc. « La justification idéologique et philosophique de chaque terreur doit être elle aussi comprise dans sa singularité », souligne-t-on dans l'exposé de cette revue. Pour Naqd, la diffusion du terrorisme dans les sociétés démocratiques nous force à examiner une fois de plus le rapport entre la société et la violence politique, soulignant le fait que « dans le contexte de la menace croissante du terrorisme, la sécurité s'est imposée comme principe de base de l'activité de l'Etat ». Ce qui est remarquable, note-t-on, c'est que « cela coïncide avec la neutralisation progressive de la politique de l'abandon progressif des missions traditionnelles de l'Etat ». Les régimes politiques, continue la revue, légitiment l'usage de la violence politique contre les citoyens ou contre certaines catégories de population par la nécessité de préserver la sécurité, l'ordre et la loi. Naqd précise que l'intérêt de ce numéro porte sur la nature de l'état d'exception, sur la relation qu'entretient le politique avec la « force de loi », et la manière dont cet état d'exception a été exploité. En conclusion, Naqd souligne que « la lutte contre le terrorisme international, notamment le terrorisme islamiste en tant qu'objectif prioritaire autour duquel les Etats du monde entier sont conviés à se rassembler par la puissance US, nourrit l'affaiblissement de la souveraineté dans ses formes traditionnelles ».