Dans un infernal feuilleton les réalités d'Algérie, libérées en principe des diktats de colonisation depuis 1962, se retrouvent encore ce début d'année 2008, coincées à ne pas être dans la mémoire audiovisuelle des générations à venir du pays. La mémoire des stades de football la répercute de façon plus structurelle et vivace : « suivez » la télé et les radios gouvernementales vous en trouverez trace, par exemple de comment aller acheter la « chaîne cryptée », disent hypocritement leurs animateurs. Et oublier tout simplement l'émir saoudien propriétaire, qui continue de pomper le pays par tous les ports. Vous trouverez de moins en moins cette mémoire dans le stock d'images que daigne « offrir » à ses ayant - droits l'ENTV. Pas non plus par la grâce de la boutique plus récemment ouverte dénommée Centre national algérien du cinéma – et pourtant héritière du patrimoine de salles du pays ; ou de la Cinémathèque algérienne, pourtant réel carrefour d'images pour le développement d'Afrique et ses combats de libération, hanté en son temps de répertoire d'Alger y compris par Henri Langlois, et le toujours productif d'algérianité Costa Gavras. Ces coquilles bureaucratisées en quatre décennies, décrétées porte clefs de l'avenir du secteur, se retrouvent et s'acoquinent avec des boîtes privées dont le plus grand souci est autour de la ceinture. Chaque jour et soir que Dieu fait Hamraoui Habib Chawki en offre le best of via l'ENTV. L'autour de la ceinture peut permettre de « fixer » des poses de danse. Mais quoi d'autre en plus ? Même, et surtout, en ce Yenayer 2958, l'une de nos dates ancestrales d'engrangement des biens, les organisateurs du Festival du film amazigh, à sa huitième édition de Sétif, auraient tort de continuer à vouloir nous vendre des rêves. Il leur suffirait juste qu'ils se souviennent, avec nous, d'un mot du fabuleux Rachid Mimouni, qui nous a quitté la mi-janvier 1995 : « Les films dont les acteurs nous ressemblent ne pourront plus être tournés, faute de financement. Pour prendre conscience de nos conditions d'existence, de notre vision du monde, de nos valeurs, il faudra attendre que de lointaines caméras viennent filmer notre quotidien. Nous vivrons ainsi par procuration télévisuelle étrangère, laissant aux autres le soin de nous expliquer ce que nous sommes. Nous finirons alors par nous conformer