Tarik Ladjouze est vétérinaire spécialiste en médecine interne et chirurgie des animaux de compagnie et des nouveaux animaux de compagnie (NAC). Il s'intéresse à la faune sauvage et anime une émission à la Chaîne III. Il tient à sensibiliser sur le sujet de la faune sauvage et le chardonneret, car l'espèce est en voie de disparition. Quels sont les risques pour le chardonneret ? Il risque de disparaître et cela est principalement dû à la surchasse. Il est très apprécié des Algériens, même si au début cela ne concernait que certaines régions comme Alger, Annaba puis Béjaïa. Le chardonneret, qui fait partie de la famille des fringillidés, apporte la joie de vivre dans une maison. Il sautille, s'accroche aux barreaux et gesticule dans tous les sens pour manger. Son comportement a contribué à créer un réel engouement national autour de lui et aujourd'hui, malheureusement, il est chassé partout sur le territoire national. Les techniques de chasse ne sont pas respectueuses du volatile… D'abord, il faut savoir que ce qui a mis le chardonneret en péril, ce n'est pas le fait de quelques amateurs qui les attrapent, mais, surtout, tout le commerce qui s'est créé autour du chardonneret. Les techniques comme le filet ont mis en péril cette espèce depuis 15 ou 20 ans. A combien est estimée sa population ? Je ne sais pas. Mais à titre indicatif, je peux vous dire qu'à Birkhadem j'en avais dans mon jardin… il y a 15 ans. Aujourd'hui, je dois monter sur le massif blidéen, dans un endroit très haut perché, pour pouvoir distinguer un ou deux individus. A Sétif, il y a 15 ans, il en existait des centaines de milliers. Aujourd'hui, il faut aller à 70 km de Sétif pour en apercevoir un ou deux. N'est-il pas protégé juridiquement ? Si, au même titre que toutes les espèces sauvages, mais la loi qui interdit la détention, la vente et le transport du chardonneret n'est pas appliquée. Est-ce parce qu'elle est trop restrictive ? En effet, il est illusoire de vouloir sanctionner quelqu'un qui possède un chardonneret. La loi aurait dû viser sa capture, sa vente et son transport. D'ailleurs, il suffit d'aller aux marchés d'El Harrach, de Chéraga, de Ouled Fayet, de Birkhadem pour trouver des chardonnerets en grand nombre. Et c'est sans compter sur les animaliers. Aujourd'hui, il existe une filière qui va s'approvisionner au Maroc pour venir les revendre dans ces marchés. Les gendarmes ont déjà procédé à des saisies sur les axes routiers avec des transporteurs peu scrupuleux et qui en détenaient entre 200 et 600. Les conditions de transports ne sont pas des plus favorables… Les chardonnerets sont entassés dans des cartons avec un filet dessus. Comme c'est une espèce particulièrement sensible au stress, ils arrivent malades et meurent très souvent chez l'acquéreur. On peut dire approximativement qu'entre 100 sujets capturés et transportés, seuls une dizaine survivent. C'est un vrai génocide d'oiseau Quelles solutions préconisez-vous ? Il faudrait sanctionner et interdire la vente de chardonnerets dans les marchés et les animaliers. Ensuite, il faut savoir que l'élevage de chardonnerets est possible en volière, car tout le monde pense qu'il ne se reproduit pas en captivité. En réalité, il faut réunir certaines conditions. Et d'ailleurs, j'envisage de faire de la reproduction de chardonneret.