La Banque de France (BDF) a annoncé, jeudi, qu'elle allait diligenter une enquête sur la fraude provoquée par un trader au sein de la Société Générale. « La Société Générale a été victime d'une fraude interne commise par un salarié. La Banque de France a été immédiatement informée de la découverte de cette malversation et de ses conséquences », a expliqué la BDF dans un communiqué. « Une enquête de la Commission bancaire sera diligentée pour examiner les conditions dans lesquelles la fraude est intervenue », ajoute-t-elle. Fillon demande un rapport sous huitaine Le Premier ministre français, François Fillon, a annoncé hier avoir demandé à la ministre des Finances, Christine Lagarde, de lui donner « sous huit jours toutes les indications » sur la fraude massive constatée à la Société Générale. « J'ai demandé au ministre des Finances de me donner sous huit jours toutes les indications sur la manière dont les choses se sont passées, afin que l'on puisse, le cas échéant, proposer des solutions », a-t-il dit à l'occasion d'une visite au Luxembourg. « C'est vrai qu'il est difficile pour chacun d'entre nous, s'est-il étonné, de comprendre comment une personne seule peut, dans un délai relativement court, occasionner des pertes aussi considérables dans un établissement bancaire par ailleurs sérieux et solide. » « Nous sommes en présence d'une fraude massive dont il va falloir expliquer comment elle a pu se produire, de façon à mettre en place les dispositifs permettant d'éviter la répétition de tels faits », a expliqué M. Fillon. Des cadres renvoyés Selon un communiqué, le conseil d'administration de la banque, réuni le 23 janvier, a rejeté la proposition de M. Bouton de démissionner de ses fonctions, mais l'a soutenu dans sa décision de renvoyer les cadres, « y compris dirigeants », responsables de la supervision et des contrôles des opérations concernées. Le PDG et le DG renoncent à leur salaire Le PDG de la Société Générale, Daniel Bouton, et son directeur général, Philippe Citerne, ont décidé de renoncer à leur bonus 2007 ainsi qu'à leur salaire fixe pendant les six premiers mois de cette année, après les pertes massives subies par leur banque, a annoncé jeudi M. Bouton. Il a indiqué lors d'une conférence de presse à Paris que lui-même et M. Citerne « ne percevraient pas de part variable sur l'exercice 2007 et qu'ils renonçaient à leur salaire fixe au moins jusqu'au 30 juin 2008 ». « Un dysfonctionnement d'ensemble », selon un expert L'énorme fraude découverte à la Société Générale révèle nécessairement « un dysfonctionnement d'ensemble » au sein de la division marchés de la banque, affirme Arnaud Riverain, un responsable de la recherche pour la société française de gestion, Arkéon Finance. Selon lui, « une personne seule ne peut provoquer une telle catastrophe. Si un courtier agit pour le compte d'un client, au moins trois personnes entrent en jeu pour donner l'ordre, le transmettre et l'exécuter. Même si cet homme agissait pour le compte propre de la banque – ce que la Société Générale n'a pas précisé –, il a au minimum besoin du service de règlement-livraison, dit ‘‘middle office''. Il n'est qu'un maillon de la chaîne ».