Un scandale a secoué, jeudi dernier, la banque française, Société générale. Une escroquerie qui a coûté à la banque des pertes sèches de l'ordre de 4,9 milliards d'euros. Cette énorme perte ne fait que fragiliser davantage la situation financière de la banque, qui a déjà perdu quelque deux milliards d'euros dans le syndrome dit des " subprimes ". Aussitôt annoncé, le scandale de la Société générale n'est pas du tout perçu avec un regard d'indifférence en Algérie. En effet, il faut savoir que cette banque, parmi les plus importantes dans le paysage bancaire français, est étroitement liée au secteur bancaire algérien. Ainsi, dès qu'il a été annoncé, ce scandale a vite fait penser au processus de privatisation du Crédit populaire d'Algérie (CPA), dont Société générale est l'une des banques candidates à cette première opération d'ouverture du capital d'une banque publique algérienne. En effet, dans la foulée des décisions qui viennent d'être prises par la direction de Société générale autant que par la Banque de France et les autorités judiciaires françaises dans le sillage de la gestion de la crise suscitée par cette escroquerie, il n'est pas écarté que cette affaire ait des retombées qui toucheront inéluctablement le processus de privatisation du CPA. En effet, même si la banque (Société générale, en l'occurrence) est autorisée à poursuivre ses activités internes, comme la gestion des comptes de ses clients et tous ses engagements commerciaux vis-à-vis de ses clients, mais, il n'en demeure pas moins que la décision de geler toutes les opérations externes de cette banque vient d'être prise. C'est dans ce sillage, donc, que se situe le lien entre le scandale à la Société générale et le processus d'ouverture du capital du CPA. En d'autres termes, avec le gel de ses opérations externes, Société générale se verra inéluctablement dans la contrainte de se retirer de la course pour l'entrée dans le capital du CPA. Dans ce cas, la situation risque de se compliquer davantage pour la banque algérienne. En effet, le retrait éventuel de la candidature de Société générale intervient, donc, après le retrait de la banque espagnole Santander et l'américaine Citibank, pour des raisons liées à la crise des "subprimes". Il ne restera, donc, que les trois banques françaises qui briguent actuellement une prise de participation dans le capital du CPA, à savoir BNP Paribas, le Crédit Agricole et Natixis banque populaire. Devant cette nouvelle donne qui se dessine pour les autorités algériennes en charge du dossier, d'aucuns se demandent si la reprise du processus d'ouverture du capital du CPA reste encore possible, après avoir été reporté pour des raisons liées exclusivement à la crise des subprimes qui continue de secouer les places financières à travers le monde, notamment sur les marchés occidentaux. Les analystes les plus avertis ont poussé leurs thèses encore plus loin en estimant que la fragilisation de la situation de la banque, après cette perte qui avoisine les cinq milliards d'euros, Société générale, elle-même, constitue une cible de choix pour être rachetée par une banque qu'elle soit française ou étrangère. " La chute du cours de la troisième banque française (Société générale, en l'occurrence), accélérée par ses pertes record en fait une cible de choix pour un acquéreur français ou étranger ", a supposé un spécialiste des places financières parisiennes à la Chaîne de télévision TF1. En tout cas, l'affaire remonte à jeudi dernier lorsque le P-DG de Société Générale, Daniel Bouton, a révélé une fraude interne d'une ampleur de 4,9 milliards d'euros. Cette escroquerie a été commise par un courtier qui n'a pas révélé à la hiérarchie de la banque des positions qu'il avait prises sur les marchés. Ces pertes s'ajoutent ainsi aux deux milliards d'euros que Société générale a perdu dans le tourbillon des subprimes.