Cette escroquerie a achevé de ruiner le peu de confiance qui restait dans le système financier international. La France a été secouée, jeudi, par un énorme scandale financier. La Société Générale, une des trois principales banques françaises, a été victime d'une fraude massive de 4,9 milliards d'euros. La banque annonce, également, la perte de 2 milliards d'euros de dépréciations liées à la crise des «subprimes». La fraude a été commise par un seul courtier (trader), opérant à Paris. Ce courtier de 31 ans, Jérôme Kerviel, est employé par la banque depuis 2000. Ce dernier n'a pas révélé à la hiérarchie de la banque des positions qu'il avait prises sur les marchés. L'employé, qui a reconnu les faits, a été relevé de ses fonctions. Une procédure de licenciement a été engagée tandis que les responsables de sa supervision quitteront le groupe, a précisé la Société Générale. Le président de la banque, Daniel Bouton, a mis en ligne sur le site Internet de la société une lettre dans laquelle il évoque une «fraude interne d'une ampleur considérable commise par un collaborateur». L'avocat d'une centaine d'actionnaires de la banque française Société Générale a vite réagi. Il a annoncé, jeudi, avoir déposé une plainte à Paris pour «escroquerie, abus de confiance, faux et usage de faux et complicité, et recel». L'avocat, qui n'a pas chiffré le montant exact du préjudice de ses clients, a précisé que ces actionnaires, des Français, des Belges ainsi qu'un Néerlandais, «ont, à ce jour, probablement perdu la totalité de leurs actions» et ont donc «réagi très rapidement». «L'affaire s'annonce d'une très grande complexité», a expliqué le parquet de Paris. Il ajoute que le mécanisme de la fraude ne pourra être compris qu'au fur et à mesure des auditions, des expertises informatiques et des confrontations menées par les enquêteurs de la brigade financière. La Société Générale a stupéfié le monde de la finance. La presse locale et même étrangère ont largement commenté, hier, ce scandale qui survient pendant la crise des «subprimes» américaines (crédits hypothécaires) et de la chute des Bourses lundi et mardi derniers. «Les mystères d'une fraude à cinq milliards», titrait, hier, le quotidien économique parisien La Tribune, en reprenant dans un éditorial les questions que beaucoup d'analystes se posent: «Comment une banque de ce calibre, vantée pour son expérience des activités de marché, a-t-elle pu en arriver à cette infortune? Pourquoi a-t-il fallu autant de temps pour découvrir l'étendue des dégâts?». Selon la presse britannique, la fraude colossale survenue à la banque française Société Générale a achevé de ruiner le peu de confiance qui restait dans le système financier international. Octrois de prêts irresponsables, mauvaise évaluation des risques, défaut de contrôle sur les activités de leurs propres traders mettent aujourd'hui les banques sur le banc des accusés, estiment pour leur part les spécialistes. Les autorités françaises, le président Nicolas Sarkozy en tête, s'employaient de leur côté, hier, à rassurer les millions de clients de la Société Générale et la communauté internationale sur la «fiabilité du système financier français». Il est à noter par ailleurs que les spécialistes estiment que cette escroquerie n'aura aucune incidence dans notre pays. Le président-directeur général de la Société Générale, Daniel Bouton, et son directeur général, Philippe Citerne, ont décidé de renoncer à leur bonus 2007 ainsi qu'à leur salaire fixe pendant les six premiers mois de l'année.