Le ministère de la Petite et Moyenne Entreprise (PME) et de l'Artisanat est en discussions depuis six mois avec le ministère des Finances pour trouver des solutions au problème des PME qui ont cumulé des crédits non performants durant la décennie noire. L'Association des banques et des établissements financiers (Abef) ainsi que le patronat ont été associés à ces discussions. Selon le ministre de la PME et de l'Artisanat, Mustapha Benbada, qui a animé un point de presse hier en marge d'un séminaire sur le système statistique, son département a soumis à ses interlocuteurs plusieurs propositions pour desserrer l'étau sur ces entreprises. Le ministre a plaidé pour « un traitement au cas par cas de manière à donner à ces capacités productives, qui étouffent sous le poids de ces dettes et qui ont des marchés, la possibilité de devenir bancables ». Dans cette optique, il a été proposé entre autres un allégement du planning de remboursement et l'annulation d'une partie des agios afin de permettre à ces entreprises de « pouvoir bénéficier de nouveaux crédits pour pouvoir se développer et sortir du tunnel », souligne M. Benbada. Il a indiqué que le ministère a décidé de se pencher sur ce dossier après avoir « analysé cette situation » et constaté que « la plupart de ces entreprises ont subi les conséquences d'une situation qui leur échappe ». D'après lui, « elles ont obtenu des crédits durant les années 1990, c'est-à-dire durant une période difficile, au moment où le taux d'intérêt dépassait 15%, voire 19% contre 4% à 5% aujourd'hui. Elles n'ont pas pu réaliser leur plan d'investissement, car se trouvant dans des zones difficiles ou parce que leurs fournisseurs n'ont pas voulu venir pour monter les équipements ». N'ayant pas réalisé leurs objectifs dans les délais, elles n'étaient pas en mesure de rembourser les banques créancières qui n'ont pas tardé à réclamer leurs dus en ajoutant les pénalités des retards. « Certaines entreprises se sont retrouvées exagérément endettées avec parfois trois fois le montant du crédit, car les agios sont devenus hypertrophiés », fera savoir M. Benbada. Pour ce qui est du système des statistiques relatives à la démographie des PME en Algérie et qui a fait l'objet d'un séminaire hier à l'hôtel Hilton, le ministre a souligné que l'ampleur du secteur informel altère lourdement la fiabilité de celui-ci. « Nous avons engagé le centre de recherche en économie appliquée pour le développement (Cread) pour nous faire une étude sur le secteur informel. Cette enquête va nous permettre d'avoir une idée sur l'importance de ce phénomène et la possibilité de l'intégrer dans les statistiques. Il faut aussi connaître la structure de l'informel pour discerner entre les activités commerciales et les activités productives », a-t-il dit à ce propos tout en faisant remarquer que l'informel interpelle tous les secteurs. Le système des statistiques est aussi confronté au problème de définitions. « Il y a de nombreuses activités qui sont exclues de la comptabilisation des statistiques des PME », a noté le ministre. « Doit-on considérer les cliniques qui ont demandé à bénéficier du programme de la mise à niveau comme étant des PME ? », s'est-il interrogé. Les définitions, a-t-il poursuivi, permettront de déterminer les bénéficiaires des programmes d'appui et de l'effort de l'Etat.