Pour dépasser ce goulot d'étranglement, il est question entre autres d'annuler une partie des agios (pénalités que les banques imposent sur le crédit accordé aux opérateurs). Le montant des créances des petites et moyennes entreprises (PME) auprès des banques s'accroît d'année en année. Il s'élève à «713,8 milliards de DA», selon le chef de cabinet du ministère de la Petite et Moyenne Entreprise et de l'Artisanat (PME), Ammouri Brahiti. Le recouvrement des créances figure parmi les priorités du département de Mustapha Benbada. Une réflexion est engagée pour aider les PME en difficulté. «Nous avons préparé un dossier dans ce sens qui sera soumis prochainement au gouvernement», a indiqué le ministre qui était l'invité de notre rubrique «A coeur ouvert». Il s'agit, selon notre invité, d'alléger les créances des PME en annulant une partie des agios (pénalité que les banques imposent sur le crédit accordé aux opérateurs). Elle est de 1 à 2% du crédit. Il est question également du reprofilage de la dette et de permettre aux entreprises de contracter de nouveaux crédits. L'autre contrainte qui freine le développement des PME se situe dans le financement des PME, précisera M.Benbada. Pas moins de 2000 entreprises ont été dissoutes ou déclarées en faillite pour le premier semestre 2007, faute de banques d'accompagnement. Le ministre a toujours dénoncé les contraintes réglementaires, reprochant aux banques les garanties excessives, les délais trop longs dans le traitement des dossiers de crédit et les taux d'intérêt trop élevés. C'est pourquoi, les PME nourrissent des frustrations nombreuses et des griefs envers le système bancaire. Les experts estiment que la crise entreprise-banque s'explique par la très forte dépendance des entreprises vis-à-vis des banques. Ils relèvent également l'absence d'un véritable marché financier qui reste embryonnaire en Algérie, la faiblesse du crédit interentreprises, du capital-investissement, et d'autres instruments adéquats. Souvent insuffisamment dotées en fonds propres, les entreprises ne peuvent, de ce fait, se tourner que vers leurs banques pour trouver des solutions à leurs difficultés financières. «Près de 70% des PME ont vu le jour sur leurs fonds propres», a-t-il précisé. C'est à partir de ce constat, ajoutera-t-il, que son département a pu créer deux institutions financières: la Caisse de garantie des crédits d'investissements (Cgci) et le Fonds de garantie des crédits aux PME (Fgar). Le Fgar, depuis son installation, a levé la contrainte à plus de 251 entreprises. La Cgci est en train, pour sa part, d'étudier plus de 200 dossiers et a accordé des garanties à plus de 30 PME. Le ministre avait annoncé, récemment, l'existence d'un projet, encore au stade de l'étude au niveau du gouvernement, portant sur la création de nouveaux mécanismes de financement à long terme. «Il faut que la banque développe sa capacité d'évaluation du risque», proposera notre invité. Quant aux banques, elles considèrent que le financement des PME est très risqué, puisque le taux d'échec dans le financement de la création d'entreprises est de l'ordre de 30 à 40%. Et lorsque le projet se solde par un échec et que la banque créditrice engage le processus de réalisation des sûretés, cette dernière ne récupère, dans la plupart des cas, que moins de 20% de la créance impayée. Elles relèvent également la lenteur des procédures juridiques qui entraîne des contentieux pouvant aller jusqu'à dix années.