De vieux satellites hors d'usage, des étages de fusée, des résidus d'explosion… L'homme ne se contente pas de polluer sa propre planète, il sème ses déchets jusque dans l'espace. Plus de 12 000 objets seraient satellisés autour de la Terre, dont 11 500 en orbite basse et 1147 en géostationnaire, et ce nombre augmenterait de 200 à 250 objets par an. « Aujourd'hui, sur les 9600 gros objets en orbite, seuls 500 environ sont utiles, souligne-t-on au Centre national français d'études spatiales. De plus, ces chiffres ne tiennent pas compte des débris de petite taille, beaucoup plus nombreux. On estime à quelque 300 000 le nombre de débris de plus de 1 cm, et à 30 millions ceux de plus de 1 mm ! » Le phénomène n'est pas nouveau la pollution orbitale existe depuis les débuts de l'astronautique en 1957 mais des responsables spatiaux européens réunis à Toulouse, la semaine dernière, ont soulevé combien le nombre de débris spatiaux reste trop important, et combien il est impératif de réagir afin de préserver un espace propre et utilisable pour les générations futures. Le CNES, à l'instar des autres grandes agences dans le monde, a engagé des travaux sur cette thématique depuis plus d'une décennie. Car, au-delà de la pollution, la présence de débris représente « un vrai problème pour les risques de collision avec des satellites », a expliqué Fernand Alby, responsable du dossier « Débris spatiaux » au CNES. « Ces objets ont une vitesse considérable, de l'ordre de 8 km par seconde, a-t-il déclaré au Figaro. En moyenne, à chaque voyage d'une navette spatiale, la Nasa doit changer un hublot à cause d'impacts. Ils sont très épais et résistants, mais l'équipage se trouve juste derrière. Les débris peuvent aussi frapper le bord d'attaque des ailes de la navette, ce qui pourrait poser problème lors de son entrée dans l'atmosphère. Au-delà du risque humain, il y a évidemment un danger pour les satellites commerciaux, qui représentent de gros investissements financiers. » La destruction en janvier 2007 d'un vieux satellite météorologique par un missile balistique dans le cadre d'un essai anti-satellite effectué par Pékin a augmenté de 11% les risques de collision pour les satellites de surveillance de la Terre « Spot ». Le test, selon des sources canadiennes, aurait créé 1500 pièces de débris en orbite. En ce qui concerne l'orbite géostationnaire (36 000 km), où sont positionnés notamment les satellites de télécommunications, les opérateurs s'engagent à faire remonter, de quelque 300 km, l'altitude leurs satellites en fin de vie. En 2007, sur les 12 satellites arrivés en fin de vie, 11 ont été « correctement ré-orbités, et 1 (russe) est resté trop bas », a précisé M. Alby. Une amélioration par rapport à 2006 (19 en fin de vie, 9 correctement ré-orbités, 7 trop bas et 3 abandonnés). Auparavant, les proportions étaient 1/3 correctement ré-orbités, 1/3 trop bas, 1/3 abandonnés. Agences, Mélanie Matarese