Un séminaire sur les télécommunications spatiales, organisé par l'Agence spatiale algérienne (Asal), a été inauguré, hier, au Cercle national de l'armée, à Beni Messous (Alger), en présence de Boudjemaâ Haïchour, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication. Ce séminaire est une des recommandations d'un groupe de travail mis en place par l'Asal, qui réfléchit sur la réalisation d'un satellite de télécommunication spatiale compte tenu des besoins et des spécificités de l'Algérie et des impératifs économiques, politiques et stratégiques. Après plusieurs séances, il est arrivé à la conclusion qu'il était absolument opportun que notre pays possède son propre satellite de télécommunications. Les raisons sont multiples, essentiellement socioéconomiques et géographiques. Nous disposons d'un pays vaste (2,4 millions de km2), composé d'une grande partie de zones non habitées et géographiquement hostiles (le désert avec ses particularités, absence de routes dans certaines localités frontalières). Le satellite ignore tous ces handicaps. Pourquoi l'Algérie s'intéresse au satellite géostationnaire ? « Il est à 36 000 km de la surface de la Terre et même s'il semble fixe, il ne l'est pas. Il tourne à une vitesse synchrone et angulaire que la Terre, et c'est un avantage, car à tout moment, le satellite couvre l'Algérie de manière totale et peut accéder à tout point du territoire national », explique Mahieddine Ouhadj, directeur d'études au ministère de la Poste. En plus, dira-t-il, « lorsque vous disposez d'un satellite qui vous est propre, il n'y a plus de problème de bande passante, de disponibilité, ni de fuseau de durée dans le temps de continuité parce que le satellite est permanent durant sa durée de vie (entre 7 à 10 ans). Vous en disposez à votre guise ». L'Algérie est sujette à des catastrophes naturelles, notamment les tremblements de terre, les inondations, les désertifications et les infrastructures au sol peuvent être arrêtées ou détruites. Par contre, les satellites continuent de fonctionner. Lorsqu'on a autorité sur notre propre système de communications, c'est mieux que lorsqu'on est un simple utilisateur. Il apparaît opportun pour l'Algérie d'avoir son satellite. Comment y arriver d'autant plus que nous n'avons pas d'expertise en matière de technologie ? Les experts algériens ont, par contre, une expérience en matière d'exploitation et d'utilisation. L'Algérie est parmi les quinze premières nations à avoir utilisé, dès 1975, un système de quinze stations terriennes domestiques installées dans le Sud et à avoir possédé un réseau domestique par satellite. Nous avions commencé à utiliser trois satellites : deux pour les liaisons internationales et un pour le réseau domestique, puis nous avons étendu cette utilisation à Intersputnik de l'ex-Union soviétique puis à Inmarsat et à Arabsat. Nous nous retrouvons uniquement dans les télécommunications de téléphonie et d'internet avec six satellites auxquels s'ajoutent des satellites pour la radiodiffusion. L'objectif de ce séminaire est de voir quels sont les voies et moyens et la méthodologie à suivre pour un pays qui n'a pas d'expérience dans le domaine technologique de satellite géostationnaire, même si nos spécialistes commencent à avoir une expérience dans les satellites de télédétection, c'est-à-dire à orbite basse ou à défilement. Il faut distinguer trois types de satellites : le LEO, le HEO et le GEO. Le premier est aux alentours de 600 à 700 km de la Terre et on a de l'expérience puisqu'on exploite Alsat 1 avec l'imagerie, mais nous n'avons pas d'expérience avec le deuxième. Les intégrateurs connus ont été invités tels que ADS, Alcatel, SSTL (Grande-Bretagne, qui a fabriqué Alsat 1), les agences spatiales sud-africaine et chinoise et EADS Astrium qui a pris en charge le réseau Galileo. « Nous espérons avoir dans ce séminaire des informations sur le volet technologique des expériences dans le monde et de la manière de gérer et de manager un projet à satellite, voire la meilleure démarche pour pouvoir aller à l'élaboration des cahiers des charges pour le lancement d'un appel d'offres concernant la construction d'un satellite », note le ministre.