La terrible maladie qui décima des champs entiers de pomme de terre durant la dernière saison agricole est de retour. Signalée d'abord sur les plants restés en place durant la dernière campagne, cette maladie causée par un champignon fera une apparition remarquée durant l'intersaison. Les jeunes pousses éparses se laisseront aisément envahir par ce redoutable ennemi qui ne s'attaque pas uniquement au feuillage mais peut envahir également les tubercules. Profitant des conditions météorologiques favorables, forte hygrométrie et température se situant entre 16 et 24°C, le champignon se multiplie par sporulation, provoquant des taches et des lésions irréversibles sur les feuilles et les tiges. Durant la dernière saison, la conjonction d'une forte hygrométrie et d'une température idéale aura provoqué la destruction de champs entiers. Malgré la répétition, parfois très mal raisonnée des plans de traitements et le recours à plusieurs formes de fongicides, les dégâts enregistrés auront durement affecté les rendements. Habituellement, l'usage de fongicides de contact parvenait à limiter la propagation de la maladie. Hélas, depuis l'année dernière, est apparue une certaine résistance que ni les techniciens de terrain, ni les scientifiques n'auront réussi à juguler. Alors que les fellahs les plus chevronnés ne cessaient de se poser des questions sur l'inefficacité de certains produits forts coûteux, en face, aucune partie ne viendra à leur secours. Pourtant, dans les pays développés, une nouvelle souche de champignon a bien été identifiée. Il s'agit de la souche A2 qui a la double particularité de se multiplier plus rapidement et de développer une certaine forme de résistance à certaines molécules. Le mal est bien là De plus, lorsqu'elle se retrouve en présence de la souche A1, elle serait susceptible de se reproduire avec elle et donner des souches encore plus résistantes. A l'allure à laquelle la maladie s'est répandue durant l'année écoulée, il est fort à parier qu'une nouvelle souche ait vu le jour dans nos champs de pomme de terre. Cette forte suspicion n'aura aucune confirmation tant que l'isolement et l'identification de nouvelles souches ne sont pas effectués par des chercheurs spécialisés. C'est pourquoi, le fellah se retrouve pris en étaux entre le mildiou et les firmes commerciales qui importent les produits phytosanitaires sans se soucier de leur efficacité, voire de leur nocivité. Alors que la campagne d'importation de semence s'est déroulée sans trop de contraintes -à l'exception des prix qui auront frôlé les 12 000 DA le quintal pour les variétés les plus appréciées-, incitant les paysans à semer plus tôt que d'habitude, le mal pernicieux vient de refaire son apparition dans les champs. Semant le trouble chez les paysans qui ne savent toujours pas comment et à l'aide de quel produit il faut traiter. Les techniciens de la station de protection des végétaux de Sayada, qui se relayent à la radio pour inciter les fellahs à traiter de manière préventive, ne sont malheureusement écoutés que d'une oreille distraite. Pourtant le mal est bien là, il a été dûment constaté par des techniciens travaillant pour un opérateur. Mais sur un fellah informé des risques qu'il encoure, combien sont encore dans le flou le plus total ? Certainement des centaines qui, malgré des champs de pomme de terre qui risquent à tout instant d'être envahis par les spores de l'année dernière, n'en continuent pas moins de négliger les traitements préventifs, qui ont l'incomparable avantage de protéger contre les infections les plus sournoises. Quant aux traitements curatifs, il est bon de savoir que très peu de produits peuvent les assurer en toute sécurité.