Le 4 janvier 2008, à 21h10, la salle de trafic de la sûreté de wilaya reçoit sur la ligne de police de secours une communication qui se voulait à la fois une menace et un avertissement. La voix s'exprimant dans un arabe châtié annonce qu'un attentat suicide allait cibler le lendemain une sûreté de daïra, sans plus de précision, et que le kamikaze, qui est une fille, porte le prénom de Sabrina. Suit une bordée d'injures. C'est le branle-bas de combat au centre opérationnel de la sûreté de wilaya où une véritable course contre la montre s'engage : il s'agit de découvrir avant le lever du jour les auteurs de l'attentat qui se prépare contre une des sûretés de daïra et de les neutraliser avant qu'ils ne mettent leur projet criminel à exécution. Le chef du CO sollicite la coopération de la direction générale des services techniques chargés des opérations téléphoniques portables qui la lui accorde pleinement. Hélas, l'identification se termine en queue de poisson : le propriétaire de la puce, connu de tous comme étant un honnête agriculteur résidant à M'chedellah, avait déclaré deux ans auparavant avoir perdu cette puce. Cette déconvenue n'empêche pas le chef du centre opérationnel de la sûreté de wilaya de réclamer de nouveau le concours du responsable des services techniques de la communication par téléphone portable. Cette fois, il lui demande le récapitulatif des émissions et réceptions de toutes les communications effectuées sur la ligne suspecte. Il est alors 11h lorsque le CO reçoit par fax un document de 58 pages contenant 1800 communications. En une demi-heure, le chef du CO arrive à ses fins en remarquant que la ligne suspecte revenait plusieurs fois sur chaque page. L'exploitation de cette donnée permet enfin de remonter jusqu'à l'émetteur du message menaçant. Ce dernier qui entrait fréquemment en communication avec Sabrina permet à la police d'identifier cette fille de 21 ans. Arrêtée par les éléments de la sûreté de daïra de Lakhdaria où elle habite, elle donne le nom de son correspondant. Il s'agit d'un terroriste qui a été arrêté en 1996 et condamné par la cour de Bouira à 15 ans de prison ferme pour appartenance à groupe terroriste et pour attentat à l'explosif. En 2004, il retrouve la liberté grâce à la loi sur la concorde civile. Arrêté de nouveau après l'attentat à la bombe perpétré en 2006 contre la maison d'arrêt de Lakhdaria, il est de nouveau libre en 2007 faute de preuves. Il est alors 0h30. Les services de sécurité suivent les recommandations émanant du CO et se mettent en route en direction du lieudit Bourebache. A 2h, le terroriste est enfin repéré et arrêté près d'une école primaire qui porte le nom de ce lieudit. Quatre heures se sont écoulées depuis l'émission du message menaçant en direction de la sûreté de wilaya et l'arrestation de son émetteur. Le terroriste qui est de Lakhdaria dispose de trois complices : M. L., M. F. et M. Sabrina. Il est sous les verrous depuis le 6 janvier 2008.