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Assassinat d'Ali Tounsi : Revue de presse
Publié dans Le Quotidien d'Algérie le 27 - 02 - 2010


EL KHABAR 27 février 2010
Alors que des cadres de la sécurité ont refusé de faire des déclarations
Le témoin principal de l'assassinat d'Ali Tounsi qualifie l'assaillant de victime de crise de démence
La plupart des personnalités, responsables et cadres sécuritaires qui ont rendu un dernier hommage au défunt, le colonel Ali Tounsi à l'école de police de Châteauneuf, ont refusé de faire des déclarations sur l'affaire de l'assassinat du Directeur Général de la Sûreté Nationale par un des cadres de la direction, son ex ami à l'institution militaire, le colonel en retraite, Oueltache Mohammed.
Des membres du gouvernement, des cadres et des fonctionnaires de la Sûreté nationale, des cadres de l'Etat et les membres de la famille du défunt étaient présents au salon d'honneur de l'Ecole pour se recueillir devant la dépouille d'Ali Tounsi, assassiné, jeudi, à l'âge de 73 ans. M. Abd Rabou Abd el Illah a été parmi les présents à l'école de police de Chateauneuf, blessé au niveau de la tête et de son épaule gauche, après ce qui s'est passé à l'intérieur du bureau où a été assassiné Ali Tounsi.
Pour ce qui est des circonstances de l'assassinat de Tounsi, M. Abd Rabou a relaté les détails de ce qui s'est passé à l'intérieur de la Direction Générale de Bab El Oued, au cours de sa discussion avec le colonel Kara Bou Hadba, directeur de la formation et écoles de police à la direction générale de la Sureté Nationale ainsi que le colonel Lahbiri, Directeur Général de la Protection Civile et autres officiers supérieurs. Il a, dans ce cadre, indiqué que l'assaillant était pris de démence lorsqu'il a tiré sur Ali Tounsi. Il a notamment révélé les circonstances du déplacement du colonel Ali Tounsi via les escaliers jusqu'au premier étage du bâtiment pour le secourir.
Il est à noter que le directeur de la sureté de la wilaya d'Alger ainsi que le divisionnaire Abd Rabou Abd El Illah sont des témoins principaux de l'incident étant donné qu'ils ont été dans la salle où il y a eu le crime.
27-02-2010
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Liberté, 27 févier 2010
La sureté nationale entre malaise et réforme
La police, une institution dans tous ses états
La disparition de Tounsi dans ces circonstances pourrait avoir des incidences et des retombées sur tout le corps de la police et le moral de ses éléments, qui est déjà affecté par les événements qui secouent depuis quelques années l'institution.
L'Algérie se réveille avec son étourdissement, encore sous le choc de l'assassinat du DGSN, Ali Tounsi.
Un record de longévité à la tête de la police – 15 ans – qu'il a entamé sous le signe de l'obscurité qui régnait sur tout le pays.
La police, non préparée au nouvel affrontement, payera un lourd tribut mais réussit à relever le défi grâce à des choix stratégiques qui ont par la suite porté leurs fruits. Le processus amorcé dans l'urgence, quoique laborieux, s'avéra judicieux. Formation et recrutement tous azimuts sont lancés pour parer au plus urgent.
Si le bilan de la lutte antiterroriste est globalement positif, l'institution trop prise dans le combat n'a pas pu voir “le ver” s'installer en son sein. Des erreurs ont été commises à plusieurs niveaux. Parallèlement, la petite délinquance oubliée a pris de l'ampleur et a échappé à tout contrôle.
Etait venu alors le temps de mettre de l'ordre dans la maison, tout en maintenant le cap de la réforme de l'institution. Passée la sombre nuit, les lacunes, erreurs et défaillances ont commencé à se révéler au grand jour. Si les traumatismes de la décennie du terrorisme peuvent justifier quelques dépassements – ce qui explique aussi les problèmes psychologiques de beaucoup d'agents, les cas de suicide – “l'infection” généralisée de tout le corps lui a donné une image très négative. Le défunt, avec sa fausse sérénité, avait souvent mis l'accent sur la nécessité de réformer le corps, de le moderniser… de l'humaniser surtout, tout en appelant “les brebis galeuses” à avoir le courage de quitter ses rangs avant la tombée des sanctions. Aussi avait-il invité ceux qui ne sont pas prêts au sacrifice à éviter de rentrer dans la police.
L'opération de “nettoyage” menée concomitamment avec la réforme ne pouvait aboutir facilement, d'autant plus qu'il s'agissait d'opérer sur plusieurs fronts où s'imbriquent la mise en œuvre de la nouvelle politique et la gestion de l'après-terrorisme.
Toutefois, seules les facettes négatives sont portées à l'opinion publique et les scandales résolus exclusivement par les instances judiciaires, ce qui démontre une autre défaillance, l'absence d'instruments de contrôle interne. Et les menaces de Tounsi ne semblent pas avoir été suivies d'actes tant le déclin de l'institution s'est poursuivi ; navigation à vue dans un climat de suspicion régnant à tous les paliers et qui a fini par étaler les divergences qui couvaient à la tête de l'institution sur la place publique.
Malgré le démenti des deux concernés, Tounsi et Zerhouni, les faits ont démontré le contraire, notamment à travers la mésentente entre les deux hommes au sujet des nominations et des promotions.
Il aura fallu l'intervention du président de la République pour calmer la tension.
Si la face visible de l'iceberg n'est pas des plus plaisantes, la démarche réformatrice initiée par le DGSN est judicieuse dans ses objectifs dans le sens que, malheureusement, elle fait face à des résistances qui entravent la réalisation de ce bond vers un corps de sécurité performant, proche du citoyen, mais surtout discipliné.
La disparition de Tounsi dans ces circonstances pourrait avoir des incidences et des retombées sur tout le corps de la police et le moral de ses éléments qui est déjà affecté par les événements qui secouent depuis quelques années l'institution.
Et c'est probablement dans ces instants tragiques, malgré la forte émotion et l'urgence, qu'il faudra chercher les solutions. Et relancer le chantier de la réforme et surtout l'assainissement des rangs de la police.
S'il est aisé de remettre la police à sa place, rétablir son image est une mission des plus délicates qui nécessite des efforts et une communication à même de réinstaurer la confiance avec le citoyen.
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Liberté, 27 févier 2010
LUTTE CONTRE LA CORRUPTION
Le contexte d'un assassinat
Est-ce que Ali Tounsi est la première victime de la campagne de lutte contre la corruption ? Au-delà de la manière tragique dont s'est déroulé son assassinat, sa mort pose la question du prix à payer pour mettre fin à ce fléau aussi dangereux que le terrorisme.
Ali Tounsi, vieux briscard de la sécurité qui avait érigé la méfiance et la prudence comme fondements de sa protection, a commis une double erreur qu'il a payée de sa vie.
D'abord, une erreur technique qui consiste à convoquer son propre assassin, en l'occurrence le colonel à la retraite Choaïb Oultache, pour être entendu dans le cadre d'enquêtes internes quasiment en qualité de “suspect” sans que les mesures techniques d'usage soient prises. C'est-à-dire la plus élémentaire d'entre toutes est celle de désarmer un cadre qui vient dans une posture de “coupable”, et dont l'état psychologique n'est pas forcément reluisant au moment d'être entendu par ses pairs, les cadres de la DGSN.
Cette série d'erreurs dans la procédure a coûté la vie à Tounsi qui, probablement, connaissant personnellement le suspect, cité dans une affaire de corruption, n'a pas jugé utile de lui faire subir les contrôles de rigueur.
Ensuite, c'est la communication à la presse d'informations sur ce dossier de corruption, 24 heures avant l'audition du suspect-assassin, qui avait certainement précipité la décision du passage à l'acte de la part de cet officier. Ce colonel d'aviation à la retraite de 64 ans, n'étant pas un jeune loup de la police ou un fou de la gâchette, mais a dû lire l'article paru dans le journal Ennahar le jour même de sa convocation avec les dégâts psychologiques qui en découlent. Imaginez un haut cadre, armé, se présentant devant le chef du corps, sachant pertinemment que l'ordre du jour est sa révocation ou son audition sur des méfaits sur lesquels il risque gros. Se sachant “condamné”, subissant une déchéance publique suite à un article de presse qui est catégorique dans sa formulation, la colère ou la folie qui l'animait face à ses accusateurs ont fait le reste.
Enfin, sur cet aspect, les observateurs se demandent pourquoi avoir tuyauté le journal sur une histoire interne à la DGSN qui n'est même pas jugée. Et quelles ont été les sources de ce quotidien qui s'est fait la scabreuse réputation de publier des affaires internes à la Police nationale depuis des mois, notamment les conflits supposés entre Ali Tounsi et le ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni, ou encore les nominations et limogeages successifs au sein de ce corps agité par des luttes intestines connues de tous ?
Mais, le plus important est de savoir pourquoi Ali Tounsi est mort. La réponse nous plonge inévitablement dans la lutte anticorruption qui s'est déclenchée ces derniers mois avec une certitude qui va enfler les prochaines semaines : tous ceux qui sont engagés dans cette lutte, enquêteurs, magistrats, cadres d'institutions de contrôle, de finances, des comptes, inspecteurs, fiscalistes, juristes et autres journalistes ne seront pas à l'abri d'actes de représailles individuel ou organisé. Car l'Etat a, dorénavant, la responsabilité de les protéger dans leur action, loin des assassinats, des chantages, des intimidations, des menaces ou des pressions de toutes sortes.
Comme il faut s'attendre de personnes incriminées qu'elles réagissent de manière désespérée entre suicide, fuite à l'étranger ou acte de vengeance.
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Liberté, 27 févier 2010
ASSASSINAT DE ALI TOUNSI : Un crime et des versions
Le directeur général de la sûreté nationale, Ali Tounsi, est assassiné dans son propre bureau. Les hauts cadres de la police, présents hier à la cérémonie de recueillement, avouent être consternés par un tel scénario.
Ali Tounsi, lui-même, ne pouvait imaginer une telle possibilité. Lui, qui a actionné de son plein gré le bouton d'ouverture de la porte blindée de son cabinet — celle-ci ne s'ouvrant que de l'intérieur — pour recevoir celui qui va, quelques minutes plus tard, lui ôter la vie. Selon la version officielle rapportée dans le communiqué du ministère de l'intérieur et des collectivités locales, “le décès de M. Ali Tounsi est survenu à 10h45, lors d'une séance de travail au cours de laquelle un cadre de la police, apparemment pris d'une crise de démence, a utilisé son arme et blessé mortellement le colonel Ali Tounsi, après quoi il a retourné l'arme contre lui se blessant gravement”. Le ministère de l'intérieur ne donne pas le motif de cet acte et préfère laisser l'enquête le déterminer ultérieurement. En parlant de “crise de démence”, le ministère de l'intérieur semble écarter d'emblée la thèse de l'acte prémédité.
En attendant, plusieurs versions s'affrontent. Il y a d'abord celle du plus haut niveau de la hiérarchie de la police, selon laquelle, une réunion était prévue, ce jour-là sur le programme 2010-2014 de la division héliportée, dont l'assassin du DGSN, Oultache Choaïb y était le chef. La mission de cette division était d'assurer la surveillance et la régulation du trafic routier, la recherche et la poursuite de personnes et véhicules suspects et également la couverture aérienne des manifestations et des évènements grâce aux hélicoptères équipés de caméras.
Alors que les différents cadres centraux se dirigeaient vers la salle de réunions, ce dernier s'est isolé un moment avec le défunt Ali Tounsi dans son bureau. Personne ne connaît la teneur de l'entretien qu'ils ont eu, mais on suppose que le coup de colère d'Oultache Choaïb était motivé par des informations faisant état de son implication dans des transactions douteuses lors de passation de contrats avec des fournisseurs de pièces de rechange et de matériel informatique.
L'inspection générale de la police a, selon notre source, enquêté, effectivement, récemment sur la division héliportée. Mais à ce niveau, on ne confirme pas la prise de mesures administratives à l'encontre de son chef, qui devait, ce jour-là, présenter le plan de modernisation de son département. Choaïb Oultache aurait pris en otage, un moment, le DGSN avant de lui tirer dessus. Selon des sources, le mis en cause aurait tenté de sortir, arme à la main, avant de se retrancher à nouveau dans le cabinet de Ali Tounsi et tenter de se donner la mort. “Nous l'avons trouvé assis sur une chaise, le ventre en sang.” D'autres affirment que c'est la garde rapprochée du DGSN qui, en entendant des coups de feu, a opéré un forcing par la fenêtre, ce qui explique l'échange de tirs rapporté par des témoins présents sur les lieux. Le DGSN était déjà mort, quand il est arrivé à la clinique de la sûreté nationale Les glycines. La vérité exacte sur les circonstances de ce drame, personne ne la connaît. Les cadres de la police s'étonnent, toutefois, d'apprendre qu'un cadre central de la police s'apprêtait à aller en réunion en possession d'une arme. “Ce n'est pas un fait habituel. Durant les séances de travail, les cadres centraux ne portent généralement pas sur eux une arme.” Depuis les attentats kamikazes à Alger, même le simple visiteur doit laisser son portable à la réception. Simple négligence ou abus de confiance ? Cadre de l'armée en retraite, C. Oultache a été ramené et incorporé par Ali Tounsi dans la police. “C'était son ami”, affirme l'entourage du DGSN. “Mais Ali Tounsi n'était pas un naïf, comment a-t-il pu se laisser se surprendre ainsi ?” s'interroge-t-on.
Cinq balles ont mis fin à un parcours de quinze ans de Ali Tounsi, à la tête de la sûreté nationale, consacré à la modernisation de ses différentes unités, à la formation des cadres, à la lutte antiterroriste et à un combat acharné contre la corruption et les malversations dans les rangs de la police. Interrogé par France 24 sur la longévité de Ali Tounsi à ce poste, l'ancien patron de la DST, Yves Bonnet, réplique qu'“il a largement dépassé l'âge de la retraite et donc s'il a été maintenu, c'est qu'il était important, sinon utile”, dans l'échiquier sécuritaire.
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Le Quotidien d'Oran, 27 février 2010
Les citoyens et la mort d'Ali Tounsi
La nouvelle est tombée comme un couperet: Ali Tounsi a été découvert mort dans son bureau, assassiné! Le «bouche à oreille» a fait merveille et il n'était plus question dans les discussions que de cela. Plusieurs versions sur sa mort circulaient et chacun y allait de la sienne. Mais ce qui les unissait tous, c'était cette peur diffuse, ce retour vers le chaos, cette reprise des hostilités ouvertes, et chacun avait un petit creux au ventre: allons-nous revivre les pires moments de la décennie noire? En plus, et en-dehors d'un communiqué officiel rapide, l'intox trouvait un terrain fertile pour nourrir toutes les appréhensions. La première chaîne qui a diffusé la nouvelle-El Jazeera- était fort sollicitée mais il n'y avait que le fil des nouvelles qui annonçait, très laconiquement, la mort du DG de la police algérienne, tué par un cadre de la police. D'El Jazeera, les gens passaient aux chaînes nationales qui n'en ont soufflé mot, se contentant de continuer leur programme normal, comme si de rien n'était! Pourtant ce n'était pas tant la mort d'un haut responsable de l'Etat qui faisait peur, c'était surtout ce qui pouvait en découler pour un peuple qui a été tant éprouvé par les assassinats et les règlements de compte. La mort de Boudiaf et ce qui se passa ensuite remontait à la surface et les questionnements des Algériens exprimaient tous les mêmes inquiétudes: «Que se passe-t-il au juste ? Est-ce un coup d'Etat ? Est-ce que les terroristes ont pu arriver jusqu'à Ali Tounsi dans son bureau ? Est-ce que nous allons revivre le calvaire des années de feu ?». Il faut toujours revenir à la question de l'information en temps opportun que les responsables se doivent de donner aux citoyens pour éviter que les plus folles rumeurs ne circulent et la panique devant l'inconnu de se propager à travers la population. Devant le silence frustrant des autorités, les citoyens se tournent vers toutes les sources pour comprendre et, souvent, ces sources sont faussées dès le début. Au journal télévisé de 20 h, la nouvelle est annoncée remettant un tant soit peu les pendules à l'heure et tranquillisant les citoyens qui se sont écriés ensemble : «Nous sommes fatigués des tueries et de l'insécurité, de grâce, laissez-nous vivre en paix !».
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Le Quotidien d'Oran, 27 février 2010
Assassinat de Ali Tounsi Lu dans la presse étrangère
L'assassinat de Ali Tounsi a été largement repris par la presse internationale, qui s'interrogeait sur les circonstances politiques dans lesquelles est intervenu ce terrible événement. Autant dans la presse francophone qu'anglophone, la mort subite de celui qui a réorganisé la police nationale et l'a modernisé, a été largement commentée.
Le Wall Street Journal, la Bible des milieux de la finance internationale, rapporte l'assassinat de M.Tounsi, tout en mettant en exergue les circonstances dans lesquelles est intervenu son assassinat, notamment avec le scandale qui éclabousse Sonatrach. La presse française n'est pas en reste, et a réservé de larges espaces à la disparition d'un homme qui a été le ‘'héros de la lutte antiterroriste», et qui ‘'s'est employé à faire de la police la cheville ouvrière de la lutte contre le terrorisme, notamment dans les zones urbaines». Sous sa houlette, précisent plusieurs titres de la presse française, la police algérienne ‘'a mis en place un important dispositif de sécurisation de la capitale et de ses environs après les attentats suicides perpétrés à l'aide de voitures piégées à Alger en avril et décembre 2007 par la branche maghrébine d'Al Qaida». ‘' La capitale, qui n'a pas enregistré d'attentat islamiste depuis plus de deux ans, compte environ 3,5 millions d'habitants. Le chef de la police prévoyait de porter les effectifs de ses forces à 200.000 à fin 2010 contre 140.000 fin 2007, et la police compte quelque 9.000 femmes, soit 7,8 % des effectifs», relève la presse de l'Hexagone. ‘'Crise de démence ou règlement de comptes, les tensions se multiplient au sommet du pouvoir», titre Le Figaro, journal des milieux financiers et de la droite française. Le Figaro, qui reprend le communiqué officiel du ministère de l'intérieur, relève que ‘'durant sa longue carrière, Ali Tounsi ne s'est pas fait que des amis. Personnage aussi puissant que controversé, cet ancien officier de la Sécurité militaire s'est retrouvé maintes fois au centre des jeux d'influence du pouvoir algérien. En septembre 2009, il confiait à des journalistes que ses services, éclaboussés par des scandales de corruption et des bavures à répétition, étaient la cible d'une conspiration». Et, ajoute le même quotidien, ‘'paradoxalement, cet homme de l'ombre avait manifesté une volonté de transparence peu commune, qui jurait avec la traditionnelle langue de bois. Alors que le discours officiel minimisait l'importance du terrorisme résiduel au nom de la réconciliation nationale, il n'hésitait pas à jouer les trouble-fête en appelant à la vigilance contre la bête immonde». «Depuis quelques mois, ses démêlés avec le ministre de l'Intérieur», Yazid Zerhouni, son ancien camarade des services dans les années 1970, s'étalaient dans la presse. Au-delà des susceptibilités de préséance, les deux hommes étaient, dit-on, à couteaux tirés pour le contrôle réel de la police. Un corps dont les effectifs sont passés de 120 000 éléments en 2005 à 200 000 en 2009, avec un taux appréciable de féminisation, malgré les pesanteurs de l'intégrisme et des traditions. Depuis que le Département du renseignement et de la sécurité (DRS) s'est attaqué aux «hommes du président» impliqués dans des affaires de corruption, notamment les dirigeants de Sonatrach incarcérés ou placés sous contrôle judiciaire, les salons algérois bruissent de rumeurs sur une fracture au sommet de l'Etat. Yazid Zerhouni joue pour le camp du président Bouteflika, alors qu'Ali Tounsi est resté fidèle au général Tewfik Médiène, patron du DRS», poursuit encore Le Figaro qui estime que ‘'l'assassinat du chef de la police, sur fond de crise latente dans le sérail, pourrait annoncer d'autres secousses». Pour le Journal du Dimanche (JDD), ‘'le climat n'était pas au beau fixe entre (Ali Tounsi et son assassin). Une querelle avait apparemment déjà opposé Ali Tounsi et son agresseur. Jeudi, «l'homme n'était pas content, il a sorti son pistolet et a tiré», selon des témoignages anonymes que reprend JDD. Des policiers présents sur les lieux de la fusillade ont tenté de riposter. Sans succès. Un important dispositif de sécurité a été mis en place autour du siège de la police.» Toute la presse française, qui a réservé une large place à la mort de Ali Tounsi, revient également sur les mobiles de son assassinat, en reprenant des informations données par la presse algérienne. Pour Le Nouvel Observateur, ‘'plusieurs journaux ont indiqué jeudi qu'une enquête ordonnée récemment par Ali Tounsi sur des contrats passés avec des fournisseurs de pièces de rechange d'hélicoptères et de matériels informatique avait révélé l'implication de l'auteur de cet assassinat dans «des transactions douteuses». «L'auteur des coups de feu n'a pas accepté les conclusions de cette enquête et n'était pas prêt à se soumettre à une quelconque sanction administrative ou à faire l'objet de poursuites judiciaires. Il est passé à l'acte après avoir eu vent de son prochain limogeage». Bref, l'assassinat du Directeur général de la Sûreté Nationale constitue l'un des sujets les plus abordés jeudi et vendredi par la presse internationale, arabe et française notamment qui s'interrogeaient sur les grilles de lectures à donner à ce meurtre, au moment où des enquêtes sur des soupçons de corruption sont menées par les services de sécurité.
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Un assassinat sur fond de malversations et de scandales financiers
Ali Tounsi victime collatérale de la lutte contre la corruption ?
El Watan, 27 février 2010
L'assassinat, jeudi, du directeur général de la Sûreté nationale, Ali Tounsi, intervient dans un contexte marqué par la multiplication de révélations dans la presse sur de nombreuses affaires de corruption.
Depuis le début de l'année, de nombreux cadres du ministère des Travaux publics et de la compagnie pétrolière Sonatrach sont soit arrêtés soit placés sous contrôle judiciaire pour corruption et conclusion de marchés selon des procédés contraires à la loi. La corruption ne semble pas avoir épargné la police puisque le mobile de l'assassinat du colonel Tounsi aurait aussi un lien étroit avec la décision prise par celui-ci de suspendre de ses fonctions Choueib Oultache, un de ses plus proches collaborateurs et ami. Un ami auquel il aurait été notamment reproché sa gestion indélicate de l'unité dont il avait la charge. Rendu fou de rage par la nouvelle de sa mise à l'écart, M. Oultache aurait ainsi tiré à bout portant sur le directeur général de la Sûreté nationale en pleine séance de travail.
Egalement ancien colonel des forces aériennes à la retraite, Chouieb Oultache avait été nommé, en 2003, à la tête de la division héliportée de la DGSN stationnée à Dar El Beida, à proximité de l'aéroport international d'Alger. Selon un article publié par le quotidien arabophone Ennahar le jour même de l'assassinat, quelques jours auparavant le colonel Ali Tounsi avait en effet décidé de limoger M. Oultache et de geler les contrats d'achats d'équipements qu'il avait signés au nom de la direction de la Sûreté nationale. La raison ? Ceux-là seraient entachés de nombreuses irrégularités. En réalité, ce n'est pas la première fois que ce service de sécurité est éclaboussé par un tel scandale. Ces dix dernières années, de nombreux officiers de la DGSN se sont vu poursuivis devant la justice soit pour corruption soit pour malversations. De nombreux articles de presse consacrés à la gestion de ce corps, dont les éléments dépassent aujourd'hui les effectifs de l'Armée nationale populaire, ont souvent mis en lumière des liens étroits entre les responsables de la DGSN incriminés et le monde des affaires.
L'éclatement au grand jour de ces affaires de corruption a fini, en tout cas, par jeter le discrédit sur la DGSN qui a pourtant payé un lourd tribut dans sa lutte contre le terrorisme. Les renseignements généraux (RG) est sans aucun doute le corps qui a le plus souffert de cette mauvaise publicité. Beaucoup de ses éléments interprètent encore les attaques dont ils sont régulièrement la cible comme une volonté claire de dynamiter les enquêtes ouvertes par leur service sur des affaires de corruption impliquant de hauts responsables de l'Etat. Cela même si ceux-ci ne nient pas l'existence, au sein de la Sûreté nationale, d'un grand nombre de policiers « ripoux ». Le tout parfois additionné, disent-ils, à un manque de volonté de certains « boss » d'aller au fond des choses.
L'hypothèse est en tout cas des plus probables puisque de nombreuses sources révèlent que ce sont les éléments des Renseignements généraux qui ont, en premier, alerté les responsables de l'Etat concernant l'existence d'importantes irrégularités dans la passation du marché de l'autoroute Est-Ouest. Et il s'en est écoulé du temps avant que l'affaire n'éclate au grand jour. Et la remarque vaut aussi pour de nombreux autres grands dossiers. Inutile de dire que le bras de fer qui a opposé, l'été dernier, le ministre de l'Intérieur et le colonel Ali Tounsi – dont les tenants et les aboutissants restent à ce jour à éclaircir – a contribué à instaurer un climat de démobilisation et de suspicion dans tout le corps de la police.
Compte tenu de la situation, il va sans dire que la mission du successeur de Ali Tounsi ne sera pas de tout repos.


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