Les autorités s'attellent, ces jours-ci, à relier progressivement le réseau de télésurveillance des institutions publiques à celui de la DGSN. Ce report d'image instantané permettra aux services de sécurité d'intervenir, en cas d'alerte, en temps réel. Un projet d'installation de plusieurs centaines de caméras de télésurveillance dans la capitale couvrant l'axe Réghaïa jusqu'au Mazafran, et Didouche jusqu'à Birtouta est entré dans sa phase opérationnelle avec le choix et le repérage des sites d'installation de ces moniteurs. Ces caméras viendront s'ajouter aux 28 déjà opérationnelles depuis le 22 juillet 2004 et implantées sur un parcours névralgique : l'entrée est d'Alger, avenue de l'ALN, place des Martyrs, Bab El-Oued, place du 1er-Mai, Maurétania, Grande-Poste, boulevard Zighoud-Youcef, avenue du 1er-Novembre, le carrefour de Dély- Ibrahim. Ils ont été jusque-là les axes culminants de la télésurveillance dans la capitale. Mais sous peu, même les moindres recoins d'un quartier comme celui de Bentalha n'échapperont pas à l'œil vigilant des policiers. “Nous leur disons, si vous voulez plus de sécurité, mis à part les agents postés à l'entrée des édifices publics, le report d'image s'avère être une solution pratique et efficace. L'installation même des caméras de surveillance est une bonne chose. Si chaque président d'APC installe deux caméras dans sa commune, c'est un plus dans la quête de la sécurité. Nous mettons, pour notre part, à leur disposition, nos conseils techniques”, nous a déclaré l'officier Hachemi, chef d'équipe de la salle de trafic de la Sûreté de la wilaya d'Alger. Dans la salle des opérations, des dizaines de portraits de membres du GSPC et de groupes de malfaiteurs sont collés sur un tableau, installé de façon à ce que le regard des agents tombe constamment sur lui. Le réseau de télésurveillance de la DGSN sert à repérer des individus recherchés dans le cadre de la lutte contre le terrorisme ou la criminalité. Mais pas uniquement. Il permet, en outre, une plus grande fluidité de la circulation, la prévention du suicide ou encore des accidents qui pourraient survenir sur la voie publique. À Londres, la vidéosurveillance — qui s'appuie sur un réseau de 60 000 caméras reliées à Scotland Yard — a permis d'identifier des terroristes, de comprendre leurs modes opératoires et d'appréhender deux adolescents auteurs d'un rapt particulièrement odieux. En Algérie, on parle d'une baisse sensible de la délinquance et d'une gestion plus orchestrée des interventions sur le terrain. “En cas de grandes catastrophes, la période de flottement reconnue universellement des services de sécurité se situe entre 3 et 7 minutes. Dans le cas des attentats contre le siège du Conseil constitutionnel et celui de l'ONU, après quatre minutes, nous avons commencé efficacement à dégager des voies pour les évacuations d'urgence et à orienter les automobilistes vers d'autres axes de route leur permettant d'atteindre leur destination”, explique M. Hachemi. Assis à une table, des boîtiers à la main, deux agents manipulent des milliers d'images à la seconde. Les instantanés sont retransmis par écrans de télévision sur lesquels apparaît une foule en mouvement. Les jardins publics, les aérogares, les quais du port, les autoroutes, les petites ruelles… Rien n'échappe aux agents du service de la télésurveillance. Ils peuvent même zoomer sur les plaques minéralogiques des voitures ou sur un objet suspect dans un jardin public ou une poubelle. Ces hommes travaillent sans répit. Des brigades se relayent jour et nuit dans la salle de trafic. “Dès qu'on remarque quelque chose d'anormal, on utilise le zoom pour voir plus clair et prévenir le risque ou le danger”, précise un membre de la cellule de communication de la sûreté de wilaya. “Les agressions et le vol de portables ont baissé grâce aux caméras de surveillance. Nos services ont pu empêcher des agressions, des suicides. Ils ont même pu récupérer des voitures volées et signalées à temps.” À droite de cette salle des opérations se trouve le bloc de la police de secours et d'exploitation qui reçoit les appels au secours et des informations concernant des crimes ou des délits, tandis que la salle d'émission radio est située à gauche où sont communiquées les consignes par radio aux différents agents déployés sur le terrain. Séparant les deux salles, celle de télésurveillance est la première à traiter les appels au secours. Sitôt alertés, les agents chargés des caméras tenteront de localiser l'endroit concerné par l'appel au secours ou le renseignement afin de fournir les informations nécessaires aux agents déployés sur le terrain. “Ce qui est important de noter, ces appareils de surveillance ne peuvent pas donner de résultat sans le savoir-faire et le professionnalisme des agents qui les manipulent. Une fois, des jeunes un peu agités et virulents ont été repérés. Notre caméra les a suivis un moment, puis les a perdus de vue. À ce moment, on nous a signalé le vol d'une bijouterie et indiqué la rue empruntée par ces jeunes dans leur fuite. N'ayant pas de champs de vision dans cette rue, notre agent a orienté ses investigations de élésurveillance vers une autre ruelle, sachant que dans leur folle course, ils aboutiraient là. C'est comme cela qu'on a pu les appréhender”, raconte M. Hachemi. Son service est en fait les yeux et les oreilles de la police algéroise. Lors de circonstances dramatiques, ainsi que durant les grands événements politiques, culturels ou sportifs, c'est l'effervescence dans la salle. Dans le bureau du chef de la salle des opérations, une cafetière et un lit de camp. “Il m'arrive souvent de passer la nuit ici. Je ne prends qu'exceptionnellement un jour de congé”, dit-il. Ce métier est sa passion. “J'ai débuté comme simple agent dans ce service et j'ai gravi les échelons un par un jusqu'à arriver à ce poste de responsabilité. Je n'ai plus de vie privée, mais je ne regrette rien. J'aime le boulot que je fais.” Les missions et les tâches de ce service sont appelées à s'élargir avec le projet d'installation de nouvelles caméras de surveillance à Alger. Une fois cette initiative élargie à d'autres wilayas, il sera procédé à la création d'un centre national de télésurveillance qui coordonnera et traitera les images et les informations qui lui parviendront des différentes régions. Nissa Hammadi