Consacrée au thème « Théâtre, cité et citoyenneté », la deuxième édition des journées théâtrales de la ville d'Alger a pris fin hier au complexe Laâdi Flici (établissement arts et culture). Entre autres intervenants durant cette deuxième et dernière journée, Hadj Meliani, professeur à l'université de Mostaganem. Dans sa communication « L'imaginaire des villes dans le théâtre algérien contemporain », il s'interroge comment « est imaginée la ville dans les pièces de théâtre algériennes ». Ainsi, il propose des hypothèses, à l'exemple, le fait qu'« on a rarement vu des pièces qui évoquent une ville en tant que telle ». Comme observation, il relève que « nous avons des composantes de la ville qui sont particulièrement privilégiées dans le théâtre algérien, comme la rue, le marché, l'administration, des intérieurs d'appartements ». Pour Hadj Meliani, cette manière de décrire la ville obéit « probablement » au souci de « généraliser ce qu'on veut exprimer à l'ensemble de la nation et de donner un sens ou émettre un message ». Professeur à l'université de Sidi Bel Abbès, Driss Gargoua intervient sur « Le théâtre et les espaces pluriels de la ville : le cas de Sidi Bel Abbès ». Il constate que le théâtre cherche à se produire hors de l'espace qui lui est spécifiquement aménagé. On peut le trouver dans les marchés, les cafés, les rues, les places publiques, les écoles, les université et les entreprises. Il cite en ce sens l'expérience de quatre hommes de théâtre à Sidi Bel Abbès qui, même s'ils ont des visions différentes quant à l'expression théâtrale, ont néanmoins comme point commun entre autres qui consiste à aller vers le public et non pas l'attendre comme il est de tradition. Il s'agit de Abbas Boudane, Seddik Mahi, Dine El Hanani Djahid et Ghanem Bouadjadj. Abbas Boudane prône le « Théâtre de la rue ». Seddik Mahi use de la pratique traditionnelle et populaire d'« El Halqa ». Attaché au patrimoine, il interprète souvent des contes populaires, lesquels constituent une de ses sources d'inspiration. Dine El Hanani Djahid s'est investi en partie dans des pièces « élitistes » qu'il présente dans des centres universitaires. Ghanem Bouadjadj s'est produit en ces mêmes lieux. A son tour, le journaliste Mohammed Kali aborde dans « Etat des lieux du théâtre en cité en voie d'urbanité », le cas de Aïn Témouchent, chef-lieu de wilaya, où la pratique théâtrale « n'existe pas ». Cependant, si le quatrième art ne s'y est pas encore implanté, c'est « essentiellement parce que les institutions en charge de l'animation de la jeunesse, la direction de la jeunesse et des sports (DJS) en particulier n'ont pas joué leur rôle, tournées qu'elles avaient été durant deux décennies vers l'activisme politicien à travers le soutien logistique à un mouvement associatif instrumentalisé ». Par ailleurs, « il n'y a pas de salles de théâtre proprement dites héritées de la colonisation ». Cela dit, la maison de la culture « avait tenté de lancer une troupe amateur. Elle a échoué d'une part parce que le responsable en chef de la culture a voulu la rentabiliser bien avant que les rudiments de l'art théâtral soient assimilés par ses éléments. Il l'a tout de suite orientée vers le terrain de la propagande politique ». Sachant qu'« il est impossible de capter le public » avec des productions « où le mauvais goût le dispute à la médiocrité. Pis, ce sont généralement d'ex-militants, d'un théâtre citoyen qui, sous prétexte de reconquérir le public, versent aujourd'hui dans un théâtre outrageusement racoleur sur le modèle des pires sitcoms de l'ENTV ». En parallèle, poursuit la même voix, « l'approche quantitative jusque-là menée par les pouvoirs publics, une approche égrenée par des chiffres (tant de pièces produites, tant de représentations et de spectateurs) ne militent pas en faveur » d'un théâtre « urbanisé ».