Le conflit qui oppose le Syndicat des pilotes de ligne algériens à la direction de la compagnie aérienne Air Algérie n'a toujours pas connu son épilogue. En effet, le président du SPLA, M. Chabi, contacté hier par téléphone, a déclaré que son organisation syndicale attend toujours des explications du ministère des Transports concernant le contenu exact du décret exécutif 02/89 signé par l'ex-chef du gouvernement Ali Benflis en 2002. En outre, M. Chabi indique que le SPLA souhaite le concours de la justice pour trancher ce bras de fer. En tout cas, le Syndicat des pilotes de ligne algériens demeure intraitable sur le contenu dudit décret exécutif. « Nous remettons en cause ce décret qui contient plusieurs contraintes à l'encontre des pilotes », confirme notre interlocuteur en citant en premier lieu l'augmentation substantielle de la plage horaire de travail pour les pilotes. « De huit heures de travail, ce texte veut nous contraindre à dix heures de travail par jour. Un simple calcul nous donne l'équivalent de 65 heures par semaine. C'est inadmissible », proteste M. Chabi. Un autre inconvénient est relevé par le président du SPLA, qui fait remarquer que le texte en question est trop vague et qu'il n'est pas spécifique. A ce sujet, notre interlocuteur demande au département de M. Meghlaoui de faire une lecture détaillée des dispositions de ce texte. M. Chabi recommande, en fin de compte, la protection de l'Etat concernant cette profession en élaborant le statut particulier du pilote. « Il faut que l'Etat assure la protection de la sécurité aéronautique », réclame-t-il. En contrepartie du texte auquel se réfère la direction générale d'Air Algérie, le SPLA défend, bec et ongles, le protocole d'accord 94/88 signé entre les deux parties en 1994. Selon M. Chabi, ce texte, qui réglemente la profession, contient plusieurs avantages concernant le régime du travail, la formation et la carrière des pilotes. « Remettre en cause ce protocole d'accord est contraire à la loi du travail », souligne le président du SPLA. Sur la question des salaires, M. Chabi précise que les revendications du SPLA ne sont pas d'ordre salarial, bien que la rémunération des pilotes algériens « reste loin de celle de nos voisins marocains », estime-t-il. Concernant l'ouverture du transport aérien aux opérateurs privés, notre interlocuteur reconnaît qu'« une autre compagnie va instaurer la concurrence et les pilotes ne peuvent que se réconforter ». Au sujet de ses 24 collègues convoqués par la justice pour s'expliquer sur la grève du SPLA en 1996, M. Chabi, qui annonce que la comparution est reportée en décembre, s'est montré étonné devant cette mesure. « Les collègues ont déjà bénéficié d'un non-lieu. Mais la direction veut compliquer davantage la situation », conclut-il. Le seul signe de détente qui commence à se profiler entre les deux protagonistes, c'est le règlement du problème des pilotes au sol au nombre de six. Le syndicat revendique, à ce sujet, la préservation des salaires pour les pilotes qui ne peuvent plus travailler dans l'air. « Nous avons des échos que la direction générale a répondu favorablement à cette doléance. Mais rien d'officiel », a avoué le président du SPLA.