Fraîchement installé à la tête de l'Entreprise nationale de transport maritime de voyageurs (ENTMV), le nouveau directeur général, M. Grairia, a vraiment du pain sur la planche. Il hérite d'une situation des plus critiques qui appelle des mesures des plus urgentes. La première des priorités, comme l'a si bien déclaré le nouveau PDG, est de mettre un terme à l'immobilisation du navire Tassili II à Gênes, et ce, depuis juin 2007. La situation au sein de l'entreprise connaît de graves défaillances touchant non seulement la gestion de la flotte, mais également celle des ressources humaines, notamment du personnel qualifié. Ainsi, plusieurs navires très récents sont depuis des mois en arrêt technique et causent à l'entreprise un lourd manque à gagner. Le premier cas est celui du Tarik Ibn Ziyad qui a été immobilisé par les services portuaires de contrôle (PSC) pendant 48h pour non-respect des normes de sécurité, alors qu'il venait de sortir d'un chantier de réparation italien pour un arrêt technique qui a coûté à la compagnie plus de 2 millions d'euros. Dans le rapport établi par les services de contrôle, il a été exigé « un audit indépendant du management » de l'entreprise. Un autre navire, et des plus modernes, le Tassili II, réceptionné en mai 2004, a également subi une avarie qui l'a conduit à un arrêt technique et son entrée au chantier naval de Gênes. Le délai de réparation, qui devait ne pas dépasser un mois, a été prolongé pour atteindre les dix mois, sans que le navire n'arrive à reprendre la mer. Les responsables de l'Entmv avaient annoncé son retour au mois de juillet 2007, mais en vain. Mieux encore, pendant la période où le navire avait été confié à une société locale pour le gardiennage, un incendie s'est déclaré lors des travaux de réparation. Il a été établi que cet incident est dû à des malfaçons de construction, mais aucune procédure n'a été engagée contre le constructeur ou la société de gardiennage. Le cas du Tassili ne diffère pas de celui du navire El Djazaïr II. Ce car-ferry a connu plusieurs avaries, dont la dernière l'a mis à l'arrêt durant des mois au port de Barcelone, en Espagne. Selon certains membres d'équipage, cette avarie avait été déjà détectée en juillet 2005, mais elle n'avait jamais fait l'objet de réclamations auprès du constructeur pour faire jouer la garantie, alors que le navire venait juste de fêter son deuxième anniversaire. Nos interlocuteurs ont affirmé que ladite avarie, qui devait être prise en charge lors des travaux liés à l'arrêt technique du mois de juin 2007, a été tout simplement ignorée. Le délai d'immobilisation du bateau s'est vu donc prolongé, mettant la compagnie dans l'obligation d'affréter le navire Riviera afin d'assurer le respect du planning de la saison estivale.