L'auteur d'Une nation, l'Algérie, un film relatant les véritables images portant sur la conquête de l'Algérie - il sera poursuivi pour atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat pour une phrase du film : « L'Algérie sera de toute façon indépendante », L'Algérie en flammes ou encore Avoir 20 ans dans les Aurès, le cinéaste engagé, René Vautier, 80 ans,vient de voir son film Afrique 50, premier film anticolonialiste français (1950), projeté après 40 ans de censure en France René Vautier est-il un franc-tireur, caméra au poing, engagé de la mémoire ? Je range la mémoire. C'est à dire, à partir d'un certain âge, on entre dans une période. Une période, quand on vous fait des hommages, ça sent le sapin(de mauvais augure). Il y a quelques années, on m'a décerné le grand prix du public de la cinémathèque française. Moi, je suis Breton, avec toute l'amitié que je porte aux gens de la cinémathèque française qui comprendront, mes films iront à la cinémathèque de Bretagne, à Brest, à 15km de l'endroit où je suis né. Je faisais des films d'intervention sociale et autres événements de crise. On prenait partie pour cette crise avec la caméra. Et l'on projetait le film de façon à pouvoir apporter un dénouement heureux, si possible à celleci. Et maintenant... Avant, je n'avais pas l'impression de couler quelque chose dans du bronze. Maintenant, on s'aperçoit que ces films ont fait un petit peu fait à contrario, par rapport à la position dominante, sont nécessaires pour l'écriture de l'histoire. Comme avec la Révolution algérienne... Sur le plan de la révolution algérienne, il y a, maintenant, des historiens comme Benjamin Stora et les autres qui disent les images que Vautier a tourné aux côtés des Algériens, ce sont des images nécessaires parce qu'elles étaient l'une des rares françaises à passer de l'autre côté du miroir. Je suis parti filmer et rejoindre les Algériens dont on me disait qu'ils étaient Français, là où ils se battaient. Et de me montrer pourquoi ils se battaient ?. Ce qui se passe dans leur combat. Et c'est comme cela qu'est né le film Algérie en flamme Un témoin oculaire de l'histoire... Oui, et puis, les images deviennent des points de référence. Et là, je m'aperçois que je ne peux pas encore mourir parce que les images, encore maintenant, sont quelques fois utilisées avec des commentaires disant complètement le contraire et ce que veulent dirent les images. J'ai été poursuivi( par les autorités françaises) pour atteinte à la sûreté de l'Etat, en entrant en Algérie, 1955, après avoir tourné un film Une nation, l'Algérie parce que racontant l'histoire de l'Algérie à partir des témoignages des gens qui participaient à la conquête de l'Algérie. Les colonels et les généraux français qui faisaient des rapports. Il fallait se pencher sur ces rapport pour l'histoire et de les rendre publics. Et où je disais : Notre armée, les colonnes françaises de conquête de l'Algérie, ont par exemple, inventé les chambres à gaz. Lors que des rapports de colonels qui disent : “Nous avons vu des tribus se réfugier dans les grottes de la Dahra(Ouest de l'Algérie), nous y avons envoyé nos vaillants soldats, nous y avons mis feu à l'entrés des grottes. Le feu y était entretenu toute la nuit...” C'était un spectacle dantesque. Et au matin, nous avons sorti 732 cadavres, hommes, femmes et enfants. On me répondra, sûrement, cela ne fait pas autant ce qu'on fait les Allemands pour les Juifs. A l'époque, y a-t-il eu une adhésion à votre engagement documentaire ? Oui, il y a eu des comités de la paix en Algérie, qui se sont créés et qui projetaient d'ailleurs le film. Un jour, en 1955, un reporter est venu me dire qu'il était poursuivi pour avoir tourné des images dans le Constantinois. Il était reporter à Fox Movietone. Une société américaine diffusant des journaux d'actualités. Et dans lesquels, on y avait passé des plans tournés par ce monsieur Chassagne(le reporter). On voyait des soldats français qui faisaient des signes à des prisonniers de s'en aller et puis ils leur tiraient dans le dos. La manipulation de l'image continue en Palestine, Israël, en Irak... On me considère un petit peu comme le “papa” du cinéma algérien. Maintenant, on a tendance, à dire “Djed”(grand-père) du cinéma.(rires). J'ai passé ma vie à me battre pour la possibilité de dialoguer en images. Je suis contre la censure de quelque nature que ce soit. Une des missions du cinéma, c'est de filmer ce qui ne va pas, pour que les responsables politiques puissent le voir. Le ministre de la jeunesse et des sports qui nous a toujours couvert sur l'éducation populaire cinématographique, de 1962à 1966, s'appelait Abdelaziz Bouteflika. C'était du cinéma d'utilité sociale. A l'heure actuelle, ce que je reproche, c'est qu'il y a des gens qui acceptent de passer des images en sachant qu'il y a un conflit en Palestine. Il y a des gens qui ont une armée forte et dont la première punition est de faire exploser, à l'époque( 2002), le siège de la télévision palestinienne... La seconde, c'était d'interdire l'accès à Jénine aux opérateurs internationaux et aux télévisions du monde. On avait des images et on savait qui a organisé cet assaut contre Jénine(2002), c'est Sharon. On savait qui a organisé le massacre de Sabra et Chatila, c'est Sharon...