La présidente fait savoir à l'accusé qu'il a leurré des gens en sa qualité d'agent immobilier en recourant à des transactions virtuelles, car les documents étaient faux. Vente virtuelle d'appartements générant une rentrée réelle de plusieurs centaines de millions de centimes. Une vaste affaire d'escroquerie que le tribunal de Hussein Dey a eu à juger le 5 février 2008. Ils étaient plus de 20 personnes à se présenter à la barre entre accusés, victimes et témoins. L'audience a lieu dans une salle archicomble au point qu'il était difficile pour l'assistance de respirer. Les tentures accrochées aux fenêtres, grandes ouvertes, ne bougent pas, donnant ainsi l'impression qu'on est en plein mois d'août. Pas de courant d'air en ce mois de février asséché. Au seuil de la salle, le policier de service n'intervient que pour rappeler à ceux qui désirent assister au procès d'éteindre leur téléphone portable. L'entrée est libre, du moment qu'il s'agit d'une audience publique. Les gens debout sont plus nombreux que ceux assis sur les quelques bancs de la salle. Les « curieux », du moins la majorité d'entre eux, sont en fait des parents ou proches des prévenus, victimes ou même des témoins. Tout en entamant les débats, la présidente invite le public à se conformer au respect du lieu. Son « silence s'il vous plaît » sera répété au moins trois fois. Les policiers viennent à sa rescousse. Ils se faufilent dans toutes les directions où est débité le moindre bruit. Pour ce qui est du carré des avocats où ça discute à haute voix, c'est la présidente elle-même qui intervient. Les robes noires seront remis à l'ordre. Enfin, c'est le silence. On peut ainsi écouter l'acte d'accusation lu du début à la fin par une magistrate résolue à « mettre le temps qu'il faut pour élucider l'affaire ». Pour l'instant, il n'est demandé à l'accusé principal qu'une écoute attentive. L'homme de 35 ans est accusé d'escroquerie et de faux et usage de faux. La présidente lui fait savoir qu'il a leurré des gens en sa qualité d'agent immobilier en recourant à des transactions virtuelles, car les documents étaient des faux. La juge a tenu d'abord à rappeler que le document, qui est entre ses mains, est en fait un procès-verbal établi par l'instruction. Il fait ressortir des aveux faits « sans contrainte » par le mis en cause devant le juge. Selon le document, le mis en cause s'était lié à un « réseau » spécialisé dans la « vente » d'appartements avec de « vrais faux actes de propriété ». Comment ? Ce patron d'agence immobilière a loué deux appartements dans la circonscription d'Hussein Dey, par le biais d'une autre agence immobilière. La transaction, qui se fait en son nom, est assortie d'un paiement de 12 mensualités à l'avance. Jusque-là, souligne la magistrate, il n'y a pas de problème. « Sauf que ces logements seront ensuite revendus pour des sommes faramineuses à d'honnêtes gens. Pour ce faire, vous avez utilisé une autre identité, à savoir celle du propriétaire du bien qui, bien entendu, n'était pas au courant de cette transaction », signale la présidente. La juge rappelle également que d'après l'acte d'accusation, le mis en cause était « financé par un bailleur de fonds », présent lui aussi à la salle d'audience. L'argent avancé servait à payer les mensualités dues aux locations que le mis en cause a contractées dans, au moins, deux belles cités des environs de la capitale. « Je vous demande de reconnaître les faits et de cesser de blanchir l'homme qui vous finançait », lance la magistrate à la suite d'une intervention du mis en cause. Ce dernier n'arrête pas d'insister sur le fait que « le bailleur de fonds » et par ailleurs « associé dans l'affaire », selon l'enquête de police et le PV du juge d'instruction, n'était aucunement impliqué. Outre le supposé financier du « réseau », l'accusation implique également d'autres personnes que le tribunal a eu aussi à écouter. Le verdict sera connu le 5 mars .