Une délégation algérienne « de haut niveau » s'est déplacée sur la base de Guantanamo pour y confirmer l'identité des Algériens détenus par les autorités militaires américaines, qui sont au nombre de 17, a indiqué hier le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, sans toutefois donner de précisions sur la date exacte du déplacement de cette délégation ni sa composition. « Une délégation s'est déplacée sur place. Elle a confirmé l'identité de ces détenus : ce sont bien des Algériens. Ils sont 17, ils s'expriment en parler algérien », a-t-il déclaré en marge de l'ouverture de la session parlementaire de printemps. M. Belaïz a ajouté que « si ces Algériens veulent rentrer au pays, ils seront les bienvenus », précisant toutefois que ceux d'entre eux qui font l'objet de poursuites judiciaires en Algérie seront jugés « selon le code pénal algérien et ceux qui ne sont pas poursuivis par la justice algérienne retourneront auprès de leurs familles ». Par ailleurs, le ministre a démenti l'éventuelle conclusion dans les prochains jours d'un accord entre l'Algérie et les Etats-Unis concernant le rapatriement d'une partie des détenus algériens de Guantanamo, précisant qu'il ne s'agit pour l'heure que d'une « simple demande » de la part de Washington. Lors de son passage mercredi dernier à Alger, le sous-secrétaire d'Etat américain, David Welch, avait exprimé le souhait de son pays de « conclure bientôt un accord avec l'Algérie » sur cette question. Les autorités algériennes veulent-elles réellement rapatrier ces prisonniers qui ont déjà passé sept ans dans cette base sans être jugés ? « Je ne sais pas », a répondu le diplomate lors de sa conférence de presse. « Nous avons déjà renvoyé des détenus de Guantanamo dans leurs pays. Ceux qui ont commis des crimes doivent aller en prison et ceux qui sont innocents retournent à leurs familles. Aux autorités des pays qui vont les recevoir de décider quoi faire. Nous ne demandons pas plus que d'avoir une assurance que ces personnes ne représentent pas un danger », a précisé M. Welch. Washington tente justement d'arracher des garanties de la part des autorités algériennes concernant le traitement humanitaire de ces détenus et faire en sorte qu'ils soient empêchés de regagner le maquis. L'Algérie, par contre, ne veut pas entendre parler de conditions. L'année dernière, le 29 juillet, M. Belaïz avait affirmé que les 17 Algériens détenus à Guantanamo seront transférés en Algérie après vérification de leur identité. « Leur procès se déroulera en Algérie conformément à la loi algérienne dans le cas où ils sont reconnus coupables d'un quelconque crime, sans condition ni contrainte de quelque partie que ce soit », avait-il encore souligné. Pour sa part, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, (Cncppdh), maître Farouk Ksentini, a indiqué, jeudi 21 février 2008, que le ministère des Affaires étrangères « s'occupe très sérieusement » des dossiers de ces prisonniers.