Après des négociations à l'arraché avec l'Algérie, l'Administration américaine a fini par faire marche arrière et accepter l'extradition des Algériens détenus à Guantanamo, sans aucune condition. C'est le ministre de la Justice, garde des Sceaux, Tayeb Belaïz, qui a annoncé hier le transfert en Algérie des 17 Algériens détenus à Guantanamo après vérification de leur identité. « Le groupe de travail mis sur pied pour prendre en charge l'affaire des Algériens détenus à Guantanamo s'est rendu sur place pour vérifier l'identité des détenus qui ont déclaré être algériens », a indiqué M. Belaïz en marge de la cérémonie de remise des prix aux détenus ayant réussi aux épreuves du BEM et du baccalauréat à l'établissement pénitentiaire d'El Harrach. Il a précisé, en outre, que « le groupe de travail a en effet confirmé l'identité des 17 Algériens dont le cas d'un détenu a été définitivement réglé », affirmant que les 16 autres prisonniers algériens « seront transférés en Algérie et aucune institution ne s'y oppose ». Le ministre a souligné que « leur procès se déroulera en Algérie, conformément à la loi algérienne, dans le cas où ils sont reconnus coupables d'un quelconque crime sans condition ni contrainte de quelque partie que ce soit ». A titre de rappel, l'Administration américaine a posé des conditions draconiennes pour la libération des détenus algériens. L'Algérie, en revanche, a considéré ces conditions comme inacceptables, car portant atteinte à sa souveraineté nationale. Parmi celles-ci, la possibilité pour la justice américaine d'obtenir, à tout moment, une commission rogatoire pour interroger, en cas de besoin, les élargis, ou encore l'interdiction pour l'administration algérienne de leur délivrer à l'avenir un passeport. Ainsi, après des tractations difficiles, ce dossier qui fâche vient de se dénouer en faveur de l'Algérie. Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avait indiqué, le mois dernier, que l'Algérie « n'exclut pas la libération prochaine des Algériens détenus à Guantanamo », avant d'annoncer, la semaine écoulée, que l'Algérie et les Etats-Unis « négocient les conditions de mise à disposition de ces détenus aux autorités de leur pays ». « A ce jour, les choses sont considérées comme bien avancées, mais ne sont pas finalisées totalement », avait-t-il relevé. De son côté, l'ambassadeur itinérant américain, Clint Williamson, avait indiqué, en avril dernier, lors d'une visite en Algérie, avoir discuté avec des responsables algériens de la situation des prisonniers algériens détenus à la base américaine de Guantanamo, tout en exprimant le souhait de son pays de voir cette base fermée.