« A la seule évocation de Sidi El Bchir, une sensation de rejet nous paralyse. Dans la plupart des cas et pour des raisons évidentes de sécurité, nous refusons de nous rendre dans ce grand village. » Le chauffeur de taxi qui a accepté de nous y conduire a aussitôt rebroussé chemin. Ce bourg convulsif situé à cinq minutes du centre-ville est à présent redouté par les riverains. Embarrassés, les habitants s'estiment lésés dans cette bourgade où les voleurs leur tiennent la dragée haute. « C'est surtout la nuit que nous sommes à la merci des voleurs qui n'hésitent pas à agresser les paisibles riverains. Pourtant, les malfrats sont presque tous originaires de cette bourgade », nous indique-t-on. Signe des temps, les détrousseurs osent même s'attaquer aux lycéennes qu'ils connaissent assez bien pour habiter dans le même bourg. « C'est la fin du monde », se lamente un habitant dont la fille s'est faite agresser plusieurs fois. Dans cette bourgade excentrée, particulièrement ciblée par les voyous, les habitants préfèrent s'enfermer chez eux dès la tombée de la nuit. « Nous avons le cœur gros comme ça », se plaignent des habitants alertés par notre présence. Passé un moment de flottement, la glace s'est brisée. « Les bandes de voyous semblent dicter leur loi », affirme un commerçant, visiblement affecté par un quotidien insupportable. Le souvenir de son épicerie cambriolé est encore vivace. « Les voleurs ont réussi à prendre de la semoule, de la farine, de l'huile de table, du sucre, du café ainsi que des ingrédients domestiques et le tiroir caisse contenant 2 800 dinars. » Opérations coup de poing « Ma maison a été cambriolée en plein jour, et dans les règles de l'art. Les voleurs avaient tout pris : du linge, des couvertures, un caméscope, des chaises et même des ustensiles de cuisine », témoigne R. Noureddine qui attend depuis des années les conclusions de l'enquête. Entre temps, les citoyens n'en finissent pas de réclamer une présence plus accrue des services de sécurité. Depuis le début de ce mois, au moins une dizaine de femmes ont été agressées, dont certaines ont été blessées. Elles garderont des stigmates indélébiles de leur malheureuse expérience. Une ménagère rencontrée dans une épicerie fait le récit de sa mésaventure. « J'ai eu le lobe de mon oreille arraché par un voleur qui a tenté de prendre violemment ma boucle. Il sera pris quelque temps plus tard par les forces de l'ordre », témoigne-t-elle. Malgré un dispositif de sécurité et des opérations coup de poing menées régulièrement par les éléments de la brigade de la gendarmerie de Sidi El Bachir, les malfrats parviennent cependant à « renaître de leurs cendres. » L'obscurité et les dédales tortueux aidant, les larrons parviennent le plus souvent à prendre la fuite pour se retrouver en deux temps trois mouvements de l'autre côté de l'autoroute menant vers Mostaganem. En 2007, plus de 150 individus ont été arrêtés par les services de l'ordre pour divers forfaits et écroués pour les chefs d'accusation d'agression, de violence, de vols par effraction, d'association de malfaiteurs, de commercialisation de stupéfiants et de port d'armes prohibées.