Nous avons insisté pour que les décisions de cette commission soient réalistes, applicables sur le terrain », a déclaré, hier au Palais du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem à la clôture de la haute commission algéro-égyptienne. Le chef du gouvernement a même parlé de « saut qualitatif » dans les relations entre les deux pays. Manière, peut-être, de tempérer les reproches diplomatiques faits la veille par son homologue égyptien, Ahmed Mahmoud Nadhif, sur « les obstacles » qui freinent les investissements en Algérie comme le système financier et la bureaucratie douanière. « L'excellence des relations politiques devaient être traduite sur les rapports économiques », a appuyé Abdelaziz Belkhadem, lors d'une conférence de presse, à la fin des travaux de la commission. « Nous allons œuvrer pour régler les problèmes qui entravent le développement d'un véritable partenariat économique (...) Notre espoir de réaliser l'intégration économique », a-t-il insisté. Avec finesse, le responsable égyptien a annoncé que « toutes les facilités » seront accordées aux opérateurs économiques algériens qui veulent investir en Egypte, un pays qui connaît une croissance économique de 7%. On annonce qu'un groupe d'hommes d'affaires algériens envisage de se rendre prochainement en Egypte pour « explorer » des opportunités d'investissement. M. Belkhadem a évoqué l'action actuelle de prospection menée par Sonatrach dans ce pays. Avec le groupe norvégien Statoil, Sonatrach travaille sur un bloc d'exploration pétrolière situé dans l'offshore égyptien. En tout, l'Algérie développe une douzaine de petits projets en Egypte, principalement dans les domaines de l'industrie et des services. M. Belkhadem a exprimé sa satisfaction de la signature de dix-neuf accords et mémorandums d'entente à la suite de la commission mixte. « C'est une véritable moisson », a-t-il annoncé. Le premier de ces accords a trait au développement de la petite et moyenne entreprises (PME) en Algérie. Le Fonds social pour le développement égyptien s'engage à financer certains projets dans ce domaine. « Relation particulière » Les deux pays ont établi également des programmes exécutifs pour les transports maritime et aérien. Il est envisagé l'ouverture d'une ligne maritime commerciale entre les deux pays pour booster les échanges et, à terme, améliorer la circulation des personnes. La Société des foires et expositions (Safex) et l'établissement public des foires d'Egypte ont signé un mémorandum d'entente pour intensifier leur coopération aux fins de permettre une présence plus soutenue des deux pays dans de grandes manifestations telles que la Cairo international fair et la Foire internationale d'Alger. La formation professionnelle et le développement de centres technologiques ont fait l'objet également d'accords entre les deux pays ainsi que des programmes exécutifs pour les secteurs de l'emploi, du tourisme, de l'enseignement supérieur, de la jeunesse et des sports, de la culture, des affaires sociales et de la protection de l'environnement. Ont été signés aussi deux mémorandums d'entente sur la communication et l'habitat. Il en est de même pour un protocole de coopération relatif à l'envoi d'une mission médicale égyptienne en Algérie. Les domaines de spécialisation et l'importance en nombre de cette mission n'ont pas été précisés. S'ajoute à cela un mémorandum d'entente entre l'APS et Mena sur l'échange d'informations et de photos. Les deux agences officielles de presse peuvent désormais reprendre les dépêches de chacune d'elles et les redistribuer localement. Les services de l'agence Mena, sur internet notamment, sont généralement payants. Ahmed Mahmoud Nadhif, qui a été invité hier à un déjeuner par le président Abdelaziz Bouteflika, s'est félicité de « la relation particulière » qui lie l'Algérie à son pays. « Le nombre d'accords signés aujourd'hui est une expression claire pour développer davantage les relations politiques et économiques entre nos deux pays. Nous avons des objectifs communs liés à la réalisation du développement et à renforcer la stabilité dans toute la région arabe », a soutenu le président du Conseil des ministres égyptien. L'Egypte développe actuellement une trentaine de projets en Algérie qui emploient 6000 salariés. La valeur globale des investissements s'approche de 4 milliards de dollars et est appelée à augmenter au cours de l'année. Dans les secteurs de la téléphonie et des matériaux de construction, le groupe Orascom détient la part du lion de ces investissements. Le groupe de Nadjib Sawiris entend élargir son champ d'action au domaine bancaire. Une alliance est en discussion avec la Commercial International Bank (CIB) pour ouvrir une agence à Alger. La CIB, qui est parmi les cinq premières banques d'Egypte, a déposé une demande d'agrément auprès de la Banque d'Algérie. Elle attend la réponse. Selon The Financial Times, Orascom Telecom Holding se prépare à une fusion avec un groupe international dont le nom demeure inconnu. En septembre 2007, Rachid Mohamed Rachid, ministre égyptien du Commerce, a annoncé que son pays projette d'installer une zone industrielle en Algérie. M. Belkhadem a évoqué hier l'importance du projet du groupe El Ezz Steel de réaliser un complexe sidérurgique du côté du port de Djendejn, à Jijel. Le montant de l'investissement est de 1,2 milliard de dollars. L'usine devra produire 1,5 million de tonnes d'acier par an. La fin 2007, une société d'investissement algéro-égyptienne a été créée et dotée d'un capital premier d'un million de dollars, ouvert à des participations extérieures privées. Dans les prochains mois, Sonatrach et Orascom devront développer un projet de production de fertilisants d'un montant de 2 milliards de dollars.