La peau dure de l'informel ! 100 milliards de centimes sont consacrés pour la réalisation de 16 marchés couverts à travers les communes d'Alger qui en éprouvent un besoin urgent, selon le directeur du commerce de la wilaya. Une initiative non moins louable, sommes-nous tentés de dire, dans la mesure où l'opération permet de freiner le phénomène du commerce clandestin, désigné par fausse pudibonderie, marché informel. Ce négoce de la rue n'a de cesse de défigurer le tissu urbain sous l'œil erratique des autorités, qui ont pris pourtant l'engagement, cela fait trois ans, de l'éradiquer. Mais visiblement, il faut avoir des œillères pour ne pas remarquer toute la fébrilité du marché informel qui réduit chaque jour que Dieu fait les espaces piétons non sans déborder sur la chaussée. Il faut être borgne pour ne pas constater que le marché de la rue prospère au fil des jours, en alimentant la gibecière des opérateurs occultes dont les containers réussissent à passer à travers les mailles du filet... Non seulement il échappe à la vigilance du Trésor public, mais il porte aussi un coup aux tiroirs-caisses des commerçants soumis aux charges locatives et autres redevances fiscales. Le paradoxe est que plus on parle des espaces publics squattés par ce marché illégal, plus ce dernier prend des proportions inquiétantes, au point de déborder sur les entrées d'immeubles. Et gare aux locataires de la bâtisse qui s'aviseraient de faire la remarque au petit vendeur, qui s'en fiche royalement des désagréments qu'il cause. Normal me diriez-vous, c'est son gagne-pain ! Un argument massue qu'on brandit pour vous inviter à vous faire tout petit. A vous taire. Mais ce qui m'horripile, c'est lorsque ces commerçants refusent de prendre possession de leur étal dans une aire affectée à cet effet. C'est le cas du marché couvert Ali Amar, dont les deux tiers des 70 carreaux sont vides. Les commerçants préfèrent « racoler » les chalands en engorgeant les alentours de l'infrastructure qui aura coûté la bagatelle de 3 milliards de centimes. Plus bas, la rue Bouzrina (ex-rue de la Lyre) est de nouveau envahie en largeur, en longueur et en volume par les petits revendeurs qui en font leurs choux gras. L'on s'interroge dès lors à quoi peut bien servir une aire commerciale si les petits nababs continuent à braver la puissance publique ? Celle-là même qui fait mine de ne rien voir de l'anarchie régnante.