La direction du commerce de la wilaya d'Alger n'en finit pas de compter le nombre de marchés informels : 90 sont officiellement reconnus comme tels et recensés à travers les communes de la capitale. Si ces espaces prolifèrent, explique M. Lamari, le directeur du commerce, c'est parce qu'il y a un « besoin » qui n'a pas été pris en charge par l'autorité locale. « La ville d'Alger, disserte le DCP, est conçue pour une population de 500 000 habitants. Or celle-ci a été multipliée par six. Géographiquement, Alger s'est également agrandie depuis l'indépendance, avec plus de communes, de nouvelles cités, de lotissements... sans qu'on ait pensé à doter ces espaces de marchés et à considérer l'approvisionnement de la population comme une priorité au même titre que l'éducation et la santé. » Preuve en est, selon lui, qu'actuellement, 16 communes d'Alger ne disposent toujours pas de marchés couverts et qu'on en est encore à 68 marchés de ce type pour toute la wilaya. L'action de son département s'inscrirait dans cette optique : combler le déficit et proposer l'alternative des marchés couverts et de proximité pour endiguer le phénomène du commerce illégal. Laquelle action, souligne le responsable, intègre aussi la nécessité de sauvegarder le gagne-pain de ces activistes. « La répression interviendra après et prendra pour cible ceux qui se refusent à exercer dans la légalité », se veut menaçant le DCP. Revenant sur « l'opération d'éradication » des marchés informels, il dira que celle-ci s'est soldée par la fermeture de 28 marchés et l'insertion de 1300 « activistes » sur les 5234 recensés à travers les rues d'Alger. Plusieurs de ces marchés « éradiqués » ont été réinvestis. « C'est à la charge des autorités locales d'occuper ces terrains vacants. » Il évoquera, dans ses propos, la somme de difficultés que rencontrent les agents de contrôle. « Vous nous imaginez intervenir sans l'appui des services de sécurité ? », nous interroge-t-il pour nous signifier l'impossibilité d'un tel exercice. Car, pour lui, la mission de contrôle de l'activité commerciale n'est pas sans danger. « Lors d'un contrôle des vendeurs de viande effectué durant le Ramadhan, on a été vertement menacés avec des couteaux de bouchers et ce jour-là on était accompagné des services de sécurité. » Aux dangers supposés ou avérés qui guettent les inspecteurs de la DCP, se greffera la décision d'un parquet de la capitale (que le DCP refuse de nommer) qui aurait interdit aux agents de la répression des fraudes d'intervenir sur la voie publique relevant de sa juridiction, sous prétexte que la voie publique est du ressort des services de sécurité. Un précédent grave et qui explique au demeurant la mue de certains quartiers de la capitale, en interminables « souks ». Le DCP fait état aussi de « lenteurs » dans la réalisation des programmes de constructions de marchés couverts et de proximité qu'il impute aux assemblées communales. Citant au passage, la commune de Draria et Khraïcia. Pour Draria, précise-t-il, la commune a eu déjà le financement nécessaire pour démarrer son projet et ce depuis 2004. Or celui-ci demeure encore au stade de l'étude. Idem pour Khraïcia, dont l'enveloppe (2 milliards de centimes), allouée par la wilaya pour la construction de son marché, a été détournée pour d'autres projets, fait remarquer notre interlocuteur.