Professeur à la faculté de médecine de l'université de la Caroline du Nord et chef de département en endocrinologie, le Dr John B. Buse travaille sur les stratégies de prévention et de traitement du diabète de types 1 et 2 et de leurs complications. Il nous livre dans cet entretien les aspects liés à la prévention du diabète et les conséquences désastreuses de cette maladie. Vous venez de présenter les dernières recommandations de votre association pour optimiser le traitement du diabète de type II, pensez-vous que ces dernières peuvent être appliquées sans difficultés dans les régions d'Afrique et du Moyen-Orient ? Bien sûr qu'elles peuvent être mises en œuvre, notamment le dépistage qui permet d'identifier de manière précoce la maladie et de mettre des traitements peu onéreux. Il est ainsi recommandé d'envisager le dépistage du diabète de type II chez tous les adultes âgés de 45 ans et plus, surtout en présence de surpoids, notamment chez ceux présentant d'autres facteurs à risque et chez les enfants en surpoids qui présentent au moins un autre facteur de risque. Le dépistage peut commencer dès l'âge de 10 ans ou à la puberté. Les femmes atteintes de diabète de grossesse doivent subir un contrôle 6 à 12 semaines après l'accouchement et régulièrement par la suite. Si on pose un diagnostic à une période précoce, le traitement sera facilement mis en place. Le malade aura besoin d'un glucomètre dans le premier temps. Les systèmes de santé en place doivent être adaptés à cette nouvelle situation, car dans les années prochaines, il y aura plus de malades et ils reviendront plus chers. Quel est le coût de prise en charge d'un diabétique aux Etats-Unis ? Le coût est approximativement de 15 000 dollars par an et par patient. 25% de toutes les dépenses de santé sont consacrés aux personnes atteintes de diabète, sans tenir compte des 6 millions de personnes qui ne sont pas diagnostiquées et en plus des 54 millions de personnes qui ont un prédiabète. 170 milliards de dollars sont dépensés par an pour soigner les 15 millions de diabétiques, dont 95% souffrent de diabète de type II. Qui assure la prise en charge des traitements des malades ? La plupart des traitements sont couverts par l'Etat. Par ailleurs, des systèmes de prise en charge ont été mis en place, tel Medicare pour les personnes âgées de plus de 65 ans et les personnes handicapées. Les autres ont aussi des assurances maladie privées ou sont assurées à raison de 80% par l'employeur. Mais, il reste que 30% des diabétiques sont plus ou moins assurés ou pas du tout. Pour ce qui est des démunis, un autre système, le Mediaid (aide médicale) les prend en charge, et comme il est aussi obligatoire dans certains Etats d'assurer la prise en charge de l'éducation sanitaire des malades pour mieux maîtriser leur maladie. Il y a deux ou trois Etats qui ne couvrent pas ces frais. Et les complications du diabète sont-elles aussi prises en charge par l'Etat ? Cela relève d'un programme de prise en charge du diabète, il est donc nécessaire d'assurer une couverture des soins relatifs à certaines complications, notamment la rétinopathie qui conduit à la cécité et la dialyse pour les insuffisants rénaux. Est-ce que la mortalité est importante chez la population des diabétiques ? Les diabétiques ont une réduction d'espérance de vie de 10 à 15 ans. Le diabète est la sixième cause des décès sans tenir compte bien sûr des accidents vasculaires cérébraux (AVC), les infarctus du myocarde. Il est clair que la cardiopathie est la première cause et 75% des cardiaques ont un diabète ou un prédiabète.