Les citoyens bénéficiaires du programme des logements ruraux doivent trouver des solutions pour achever leurs constructions. L'Etat ne fera rien pour les aider à faire face à la flambée des prix des matériaux de construction. C'est le message qui leur a été adressé par le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, Nourddine Moussa. « L'Etat ne financera pas encore leurs chantiers. Qu'ils (les particuliers engagés dans l'auto-construction) se débrouillent seuls pour trouver des financements en allant vers les crédits bancaires », déclare-t-il lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, à l'issue de la réunion du conseil du gouvernement. Selon lui, l'Etat a, à travers la mise en place du programme des logements ruraux, voulu aider le maximum de personnes à construire leur propre logement. « C'est une aide. Nous avons consacré une enveloppe budgétaire de 300 milliards de dinars pour la construction de 523 000 logements ruraux », explique-t-il. Pour le ministre, le problème est né, car les concernés n'ont pas respecté les normes arrêtées pour ce genre de logement. « J'ai visité plusieurs wilayas et j'ai constaté que les citoyens n'ont pas respecté les normes selon lesquelles les constructions ne devraient pas s'étendre au-delà de 50 m2. Les gens se sont mis à construire des logements sur une superficie dépassant 180 m2 », dit-il. Il faut dire que la hausse sans précédent des prix des matériaux de construction (1000 DA pour le quintal de ciment et 9000 DA pour le quintal du rond à béton) a contraint les particuliers à arrêter leurs chantiers. Ils se plaignent de cette flambée qui rend insignifiante l'aide accordée par l'Etat (500 000 DA par logement). Pour faire face à la flambée des prix des matériaux de construction, le gouvernement, annonce M.Moussa, a fait le constat et pris des mesures. Selon lui, si la hausse des prix du rond à béton est la conséquence de la fluctuation du marché mondial, l'origine de la flambée de ceux du ciment est « la spéculation ». « Nous avons mené une enquête et conclu qu'il n'y a pas de pénurie de ciment. L'augmentation des prix de cette matière au niveau des usines n'a pas dépassé 4%. Il y a donc une véritable spéculation », estime-t-il. Afin de mettre un terme à cette situation, le gouvernement « a pris des mesures fermes ». « Nous allons renforcer le contrôle, à la fois à la sortie d'usine et sur le marché. S'il y a des entrepreneurs qui revendent du ciment, ils seront sanctionnés et n'auront plus le droit d'exercer ce métier », menace-t-il, en précisant que deux conseils interministériels ont été consacrés à l'examen de cette question. S'agissant des prix du rond à béton, le ministre dira que le gouvernement prendra en charge cette hausse. Mais il ne précise pas les procédures de cette prise en charge. Exposant le bilan et les perspectives de son secteur, M.Moussa réaffirme que 430 000 logements inscrits dans le programme présidentiel sont déjà réalisés et distribués. « Pour atteindre 1 million de logements, 540 000 unités sont actuellement en cours de construction. Nous pensons que nous réaliserons d'ici à 2009 l'objectif tracé dans le programme quinquennal du chef de l'Etat », souligne-t-il. Dans le cadre de l'urbanisme, le ministre met en exergue les insuffisances dont souffre la majorité des communes algériennes. L'Exécutif, assure-t-il, compte doter les communes des plans nécessaires pour améliorer la situation. « Il faut revoir 800 plans de développement et d'aménagement de l'urbanisme (PDAU) conçus au début des années 1990. Nous avons besoin aussi de 12 000 plans d'occupation du sol (PSO) », indique-t-il.