Les observateurs de la scène syndicale sont convaincus qu'aujourd'hui l'UGTA a perdu du terrain du fait que votre syndicat est, disent-ils, dominé entièrement par le pouvoir... Qu'avez-vous à dire par rapport à cela ? Je n'ai pas à rougir en disant que l'UGTA participe et continuera à contribuer à ramener la paix dans notre pays. Si la participation à la stabilité de la République après tout ce que l'on a vécu ces dix dernières années est une honte ou une tare, alors je cautionne. La dynamique syndicale partout dans le monde apporte sa pierre pour que son pays se porte mieux dans tous les domaines à tous les niveaux. Cependant, si cela n'agrée pas certains, je n'ai pas de jugement, mais je confirme que l'UGTA depuis sa création a toujours fait son travail de syndicat et a concouru également pour que l'Algérie avance. Mais l'UGTA a pour vocation de porter les revendications des travailleurs et de les défendre par tous les moyens et non de faire de la politique... Ce n'est pas vrai. Ce qui fait la richesse de l'UGTA, c'est sa pluralité politique qui se porte d'ailleurs très bien au plan interne. Donc, nous avons un droit de regard sur le politique. Au point de faire campagne pour que M. Bouteflika brigue un troisième mandat ? Je confirme et j'assume toutes les déclarations émanant de ma propre personne par rapport à ce sujet. Depuis son intronisation à la tête du pouvoir, le président de la République, M. Bouteflika, n'a cessé de répondre aux doléances des travailleurs algériens. Il a beaucoup fait pour améliorer leurs conditions de travail et celles des retraités. Alors nous disons haut et fort que nous sommes en faveur d'un troisième mandat pour M. Bouteflika. Nous sommes convaincus de ce choix, n'en déplaise à certains... Le 11e congrès de l'UGTA se tient aujourd'hui après un retard de plus de trente mois et au moment où les précongrès régionaux n'ont pas été organisés. Dans ce cas de figure, vous êtes dans l'illégalité... Ces questions sont d'ordre interne au syndicat, mais je peux vous dire que la tenue des précongrès n'est pas une obligation statutaire, c'est une décision interne... Revenons aux syndicats autonomes, pourquoi l'UGTA n'a pas plaidé pour la participation de ces derniers dans les négociations lors de la tripartite ? Je n'ai aucun commentaire à faire à ce sujet. Pourquoi une telle réponse ? Est-ce que l'UGTA a peur des concurrents ? Est-elle animée d'une animosité envers ces syndicats autonomes qui sont devenus une force incontournable ? J'accorde beaucoup de respect aux syndicats autonomes. Pour que les choses soient définitivement claires, l'UGTA n'est ni animée ni ne développe une animosité à l'endroit des syndicats autonomes. Notre syndicat a été à l'origine de la pluralité syndicale et nul ne peut nier cet état de fait. Sachez que nous ne développons aucun complexe dans ce sens. Actuellement, notre action syndicale et notre première préoccupation est de régler les problèmes des travailleurs quels que soient leur nature et leur degré de gravité. De mon point de vue, la meilleure façon d'atteindre nos objectifs est de passer par la voie du dialogue. La négociation nous a permis effectivement de prendre en charge certains dossiers et de ramener des augmentations de salaires pour tous les secteurs confondus, y compris dans le privé. Maintenant que l'on dise que ces augmentations sont insuffisantes, je l'accepte mais que l'on dise que l'UGTA n'a rien arraché, ceci est immoral et relève de l'ingratitude. Aucune personne n'a le droit d'avoir un préjugé quant au travail effectué par l'UGTA, notamment ces dernières années. Aujourd'hui, l'UGTA ne recourt plus aux grèves alors que la situation est au rouge... Celui qui veut appeler à la grève est responsable de cette question, mais pour l'UGTA, la grève n'est pas une fin en soi. Nous sommes persuadés qu'à travers une action consensuelle avec nos partenaires (pouvoir public et organisation patronale) nous arriverons à régler les doléances des travailleurs. Cette démarche quotidienne et permanente nous permet d'arriver à un résultat palpable. Certes, on ne peut ne pas satisfaire tout le monde, et on peut même passer à côté de l'objectif. Il reste qu'aujourd'hui notre devise est de classer le dialogue en tête de liste. Nous prônons le dialogue à la place des grèves. Je ne tiens pas à imposer aux autres cette option qui demeure l'outil universel revendiqué par tout le monde pour le règlement des problèmes des travailleurs. Aux autres de respecter nos démarches et d'éviter le recours aux insultes. Dernière question, Sidi Saïd a-t-il des concurrents au poste de secrétaire général ? Ceci est mon dernier souci. Ma première préoccupation est de veiller à la réussite du congrès afin de tracer les perspectives en termes d'action. Quant à la participation aux élections, c'est la direction nationale, une fois élue, qui aura à choisir sa nouvelle direction.