La cité PLM illustre bien le désengagement des pouvoirs publics dans le domaine du développement local dans cette localité de l'Algérois. Les cités PLM, la Faïence, Boubsila, d'urgence, La Montagne, ou encore Diar El Afia, voilà bien des noms de quartiers de la commune de Bourouba, dont non seulement la densité en termes d'habitations est des plus élevées de la capitale, mais également des plus précaires. Située sur une colline abrupte, la cité PLM, rebaptisée haï El Fida, fait partie de ce lot de quartiers oubliés de l'Algérois. La cité commence à partir de la gare ferroviaire d'El Harrach ; on peut y voir à partir de la voie ferrée le nombre impressionnant d'habitations perchées sur le flanc de la colline qui ne sont cependant reliées à l'autre versant de la ville que par une petite passerelle qui donne accès à une route montante. Cela laisse toutefois l'observateur perplexe quant au fait que cet imposant nombre de maisons soit ainsi entassé dans une superficie très réduite. En somme, une tout autre vision de la capitale s'offre à vous dès lors que ce microcosme est franchi. Le temps semble s'y être arrêté, ainsi que toute forme de progrès. « La cité PLM manque de tout », dira un natif du quartier, avant d'ajouter : « Depuis 1962, les pouvoirs publics n'ont rien réalisé au niveau de notre quartier. » En effet, mis à part le centre de santé qui se trouve à proximité d'un îlot de bâtiments datant de l'ère coloniale et qui servait naguère de logis aux travailleurs célibataires, aucun projet visant à améliorer le cadre de vie de ces citoyens n'a été entrepris. Les autorités locales ont réalisé néanmoins, il y a de cela une vingtaine d'années, un marché de proximité au lieu-dit Lahssida, dont les locaux n'ont jamais fait l'objet d'attribution depuis. La seule structure destinée à la jeunesse du quartier, n'est autre qu'une maison de jeunes, qui a vu paradoxalement sa vocation initiale, celle de soustraire les jeunes à la rue, déviée de sa destination. La structure sert actuellement de locaux pour les gardes communaux. Les jeunes du quartier s'adonnent alors, en l'absence totale de toute structure, à d'autres formes de passe-temps moins probes. Ceux qui vont emprunter la route carrossable tant bien que mal, à partir du centre d'El Harrach, peuvent assister au niveau du pont de la Faïence à un spectacle d'un autre âge : il s'agit de groupes d'enfants qui, à l'image du Far West, s'amusent à attaquer les trains de marchandises pour en dérober, entre autres, quelques kilogrammes de grains de blé, qui vont être revendus au marché à volailles. Cette activité lucrative fait partie d'une panoplie d'autres activités de la « débrouille », qu'ont trouvées les jeunes de cette localité pour s'en sortir. Il n'est pas rare alors de croiser des groupes de jeunes gens, chargés de couffins de vaisselle, qu'ils vont troquer en faisant le porte-à-porte, contre des effets vestimentaires qui seront vendus au plus offrant au marché D'lala'. Quant aux infrastructures scolaires, elles n'ont guère changé de nombre depuis maintenant plusieurs années, l'école primaire Ennadjah, ainsi que le CEM Mahmoud Mentouri, resteront pour longtemps encore les seuls établissements du quartier.Dans ce bogue urbanistique, marqué par une anarchie endémique, viennent se greffer des habitations illicites, tolérées par les autorités locales qui ne daignent alors pas intervenir pour au moins stopper leur propagation effrénée.