La crise de la poudre de lait, qui a connu une montée vertigineuse depuis une année, semble frapper de plein fouet le marché du lait en sachet à Constantine. Après la fermeture de certaines laiteries privées, qui garantissaient à elles seules une part non négligeable du marché dans la wilaya de Constantine, les choses ont connu une sérieuse dégradation lorsque la laiterie Numidia de Chaâb Ersas, principale unité assurant le quasi-monopole du marché, a décidé de réduire de 44 % sa production journalière, apprend-on auprès d'une source de cette unité. Selon la même source, cette démarche a été prise au niveau du groupement industriel des produits laitiers (Giplait), qui chapeaute les 19 laiteries du secteur public dans le souci de mieux gérer les stocks disponibles, en attendant une éventuelle normalisation de la situation sur le marché mondial avec l'arrivée de nouveaux quotas dans les semaines prochaines. Des arrivages qui devraient être négociés à des prix plus abordables, surtout que la poudre de lait est cédée à des prix prohibitifs. Ainsi, avec 140 000 l/j, la demande est loin d'être satisfaite pour une wilaya de près d' un million d'habitants, dont les besoins réels sont estimés à plus 300 000 l/j, sachant que le lait en sachet demeure un aliment de base pour les couches démunies, après les hausses enregistrées sur les prix du lait entier conditionné en pack. « Même la production locale en lait cru n'arrivera pas à couvrir le déficit, sachant que les quantités disponibles iront, pour une partie, à la fabrication des produits laitiers, à l'exemple du yaourt, commercialisés par des unités privées, et dont les prix ont connu une hausse depuis plusieurs mois », précise un producteur. Pour le simple citoyen, la perturbation dans la livraison du lait en sachet a été vivement ressentie dans tous les quartiers de la ville, en plus des commerçants qui ont vu réduire leurs parts de moitié. Pour d'autres, les quantités livrées restent très insuffisanteses. « On nous livre à peine une cinquantaine de sachets un jour sur deux, chose qui nous pénalise énormément », nous disent des commerçants exerçant au centre-ville, où la demande est très importante. « Nos clients reviennent souvent bredouilles », affirment-ils. Dans les quartiers les plus éloignés, le problème se pose désormais avec acuité, surtout que le prix du lait en sachet est vendu entre 30 et 35 DA. En l'absence des services de contrôle, les dépositaires et autres revendeurs ont saisi cette occasion pour spéculer sur le prix et imposer leur loi, sans pour autant assurer la distribution dans les secteurs qui leur sont attribués, ce qui encourage la multiplication des intermédiaires. La situation est encore plus critique dans les communes éloignées où le lait en sachet est devenu une denrée rare. Les prochains jours risqueront d'être durs pour les petites bourses si les rumeurs de rupture de stock viennent à se confirmer.