Le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA) déplore la menace brandie, par certains producteurs de lait privés, de réduire leur production de lait en sachet. Contacté, hier, Abdelwaheb Ziani a estimé que « l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL) a toujours honoré ses quotas au profit des laitiers et que la mesure de restriction de la distribution de lait, en dehors de la région d'implantation des laiteries, a été décidée par l'office afin d'équilibrer l'offre nationale ». Pour M. Ziani, « si certaines laiteries ne veulent pas produire, d'autres le feront ». Il a ajouté que « la restriction obéit aussi à l'objectif d'augmentation de l'intégration du lait cru dans la production nationale ». Une intégration qui était « de 18% en 2009, soit une production de 400 millions de litres et qui devrait être élevée au niveau de 30 à 35% en 2010 pour atteindre 550 millions de litres de lait », a noté M. Ziani. L'objectif de réduction graduelle a été tracé dans le cadre d'une politique d'autosuffisance mise en œuvre par le gouvernement qui vise à réduire, chaque année, de 10% le recours à la poudre de lait afin d'arriver à diminuer d'autant la facture d'importation. Les quotas de lait en poudre accordés aux laiteries ont atteint, selon M. Ziani, 120 000 tonnes en 2009 et devraient être réduits à 100 000 tonnes environ en 2010. Des restrictions qui sont, aux yeux de notre interlocuteur, « normales pour éviter qu'à l'avenir, en cas de flambée des cours de la poudre de lait sur le marché international, on soit confronté à d'autres graves crises de la filière lait ». Le président de la CIPA – organisation à laquelle sont affiliées 73 laiteries – estime que les producteurs de lait protestataires, qui ont quitté la Confédération en 2008, « veulent se démarquer et montrer qu'ils sont représentatifs des producteurs ». Selon lui, l'ONIL, en prenant la décision de restreindre la commercialisation en dehors de la région d'implantation, « ne visait personne », car la restriction en question s'applique à toutes les laiteries, qu'elles soient publiques ou privées. Cette restriction, précise notre interlocuteur, répond au souci d'entraîner les régions à l'autosuffisance et de promouvoir la production de lait à travers le territoire national. Le président de la CIPA juge aussi que la distribution de lait, en dehors de la région d'implantation, induit des frais supplémentaires d'au moins 1 DA par sachet, soit une perte sèche sur un produit subventionné et vendu à 25 DA. Le président de la CIPA fait remarquer que « géographiquement, il existe des laiteries dans 23 wilayas et que tous les producteurs sont en surcapacité de production, soit à 200% ». Selon M. Ziani, « il faudrait que des laiteries dans d'autres régions du pays puissent produire selon leurs capacités et pour leurs régions respectives ». « Je ne vois pas pourquoi une laiterie implantée à Alger irait vendre le sachet de lait à Khemis Miliana », soutient M. Ziani, qui ajoute qu'« il faut laisser plus de chance à d'autres producteurs ». Il est à noter que la tension sur la poudre de lait qu'a connue l'Algérie en 2008, suite à la flambée des cours mondiaux de la matière première, a poussé le gouvernement à instaurer un système de quotas au profit des producteurs et d'encourager la collecte du lait cru. Un encouragement qui n'a pas réellement suffi à organiser la filière toujours aussi portée sur l'utilisation de la poudre de lait importée et subventionnée par l'Etat. Des accusations d'utilisation de cette matière première dans un but spéculatif, par le biais d'une revente en l'état de la poudre de lait sur le marché parallèle, avaient même jeté le trouble et mis en émoi la filière.