Toute la ville parle de ce scanner qui fait la fierté de l'hôpital mais qui fonctionne selon les humeurs des uns et les beaux yeux des autres. Début novembre 2007, le ministre de la Santé, de Population et de la Réforme hospitalière Amar Tou visitait l'hôpital d'El Kala où on n'était pas peu fier de lui montrer la nouvelle bâtisse qui doit abriter les laboratoires à l'étage et la radiologie au rez-de-chaussée où trônait le clou de la visite : le scanner de 4 milliards. La bâtisse n'a pas été réceptionnée pour des questions de vices de construction ; toutefois, nécessité oblige, on a mis en route le scanner. « Mais s'il fonctionne, il ne marche pas », nous dit avec une pointe d'ironie un patient convoqué pour un examen et renvoyé dans ses foyers sans le passer pour cause de panne impromptue. En fait, ce n'est que plusieurs semaines après le passage du ministre que le scanner est mis en route. Il fallait trouver un radiologue qu'on a fini par dénicher à El Tarf mais qui ne peut se déplacer que les samedis et uniquement pour les malades de l'hôpital. Lorsqu'il y a une urgence, les patients sont orientés vers les cliniques privées de Annaba. Samedi dernier, il s'est passé une chose assez curieuse. Des patients ont été convoqués pour un examen, mais, lorsqu'ils se sont présentés, on leur a appris que la séance du jour était annulée pour cause de panne. Déjà ! Du matériel tout neuf qui n'a pas « tourné l'année » pour reprendre une expression populaire. On a rechigné un peu, on s'est plaint à droite, à gauche et même en haut. « On va régler cela dans la semaine », les a-t-on assurés. Seulement, une fois que tout ce petit monde a tourné les talons, une de ces agitations que vous connaissez certainement pour l'avoir observée s'est emparée brusquement de la direction de l'hôpital et du service de radiologie. Miraculeusement, le radiologue est apparu et le scanner s'est remis en route. Pour qui ? Un proche du chef de daïra, spécialement recommandé et qui a eu droit à une séance exclusive. Morale de l'histoire : à l'hôpital, les petits soins font les grandes interventions.