Les tabloïds en Grande-Bretagne, notamment The Sun et The Daily Mail, plus connus sous le nom de presse de caniveau, ne ratent aucune occasion pour aller fouiner dans la vie privée des ministres, et autres personnalités publiques. Et devinez ce qui les intéresse le plus souvent ? La vie sexuelle de ces derniers. La dernière victime de cette « chasse perverse », telle que décrite par un journal, n'est autre que le ministre de l'Intérieur en personne, David Blunkett, l'une des étoiles montantes du parti travailliste et du gouvernement du Premier ministre Tony Blair, l'architecte des nouvelles lois répressives antiterroristes, le chef d'une politique dure de respect de la loi et de l'ordre, qui lui ont valu même la sympathie de la droite. L'affaire a été publiée en première page du Sunday Telegraph, qui a accusé Blunkett d'avoir facilité l'obtention d'un visa permanent au profit de la nourrice philippine employée par son ancienne amante, Kimberley Fortier-Quinn, une femme mariée, directrice de l'influent hebdomadaire politique de droite The Spectator. Le ministre et Kimberley ont eu une liaison amoureuse pendant trois ans qui a débuté quelques mois avant le remariage de la journaliste du Spectator et qui s'est achevé dans une totale acrimonie, il y a deux mois. Blunkett a accusé son ancienne amante de vouloir ruiner sa carrière politique et sa vie privée après que celle-ci eut informé The Sunday Telegraph, par le biais d'une amie, du service que lui aurait rendu le ministre. David Blunkett a catégoriquement démenti l'accusation, déclarant qu'étant aveugle, il s'est borné à faire vérifier que le formulaire de demande de résidence a été rempli correctement. Pour prouver son innocence, il a ordonné l'ouverture d'une enquête officielle, lundi dernier. Mercredi, David Blunkett s'est vu obligé de confirmer l'authenticité de lettres publiées par The Daily Mail, le jour même, selon lesquelles la nourrice a obtenu un visa en l'espace de 19 jours seulement, et pas un an ou plus comme le veut la législation en vigueur. Cependant, il a insisté que cela faisait partie d'un processus plus large qui consistait à accélérer les dossiers en suspens. « Je n'ai rien fait qui soit contraire à la loi. Les lettres ne prouvent absolument rien », a-t-il dit. Mardi, Blunkett, divorcé, s'est également vu obligé de reconnaître avoir payé un billet de train de première classe à Kimberley de 180 livres (344 dollars), destiné aux épouses des ministres et parlementaires. Il s'est excusé et a remboursé le prix du billet en question. En allant à son bureau mercredi matin, le ministre de l'Intérieur a déclaré à la presse : « Je ne serais pas ici devant vous ce matin (...) si j'avais un quelconque doute sur ce que j'ai fait, sur mon intégrité et mon ouverture d'esprit. » , s'est-il défendu. Pour l'instant, Tony Blair continue de défendre son ministre de l'Intérieur, rappelant que « les hommes politiques ont droit comme tout le monde à une vie privée », renouvelant sa « totale confiance » à David Blunkett. De son côté, l'opposition conservatrice demeure prudente, elle qui a été minée par ce genre d'affaires par le passé. « Si ces histoires s'avèrent vraies, elles constitueront une preuve irréfutable d'une série d'allégations qui ont éclaté et qui montrent que quelque chose d'étrange a eu lieu », s'est contenté de dire David Davis, le porte-parole des affaires intérieures du parti conservateur. « Si David Blunkett a eu une influence quelconque sur cette affaire, sa position est intenable », a-t-il indiqué. David Blunkett ne comprend pas pourquoi son ancienne amante lui en veut autant. « Je suis très attristé que quelqu'un qui m'était si cher essaie, de manière trompeuse, de ruiner ma carrière politique. » Les amis de Kimberley répondent que cette dernière en veut à Blunkett d'avoir déclaré à la presse qu'il était le père de William, son enfant de deux ans, et de celui dont elle est actuellement enceinte. David Blunkett a demandé un examen ADN pour William qui a prouvé qu'il était son père. Pour Kimberley et son mari, William et le bébé à naître sont les leurs.