Deux librairies qui ouvrent le même jour à Alger et un directeur pour le Mama. Ce n'est pas tous les siècles que deux librairies ouvrent le même jour à Alger. En effet, l'établissement Arts et Culture, dépendant de la Wilaya d'Alger, a procédé hier à la réouverture de la librairie « Les vraies richesses », sise au 3 rue Hammani, ex-Charras. Ce tout petit établissement, célèbre dans le monde entier, est le lieu où une partie du chef d'oeuvre Le Petit Prince a été écrit par son auteur Antoine de Saint-Exupéry, lors de ses escales d'aviateur à Alger. Siège de la librairie et des éditions Edmond Charlot, elle avait accueilli des auteurs de renom comme Albert Camus, Jules Roy… Animée par un personnage haut en couleurs qui avait tenu la dragée haute aux grands éditeurs parisiens, elle a été plastiquée en 1961 par l'OAS du fait des opinions et écrits indépendantistes ou libéraux qui s'y diffusaient. En rénovant le lieu, Arts et Culture a fait deux coups en un : ouvrir un nouvel espace du livre à Alger, ce qui est déjà admirable, et rendre hommage à Edmond Charlot. L'inauguration hier s'est accompagnée d'une petite exposition de photographies de l'époque où l'on voit l'éditeur-libraire et certains de ses auteurs ainsi que des ouvrages sauvés de l'attentat perpétré par les commandos ultras. A proximité de l'université centrale d'Alger, le lieu promet d'être fréquenté, tel qu'il l'avait été par le passé pour diffuser les « vraies richesses » du savoir et de l'esprit. Dans ce quartier où la destruction d'un immeuble ancien laisse une impression de désolation et de vide, c'est un petit signe d'espoir pour tous ceux qui pensent que rien n'est jamais perdu. Plus haut, en remontant la rue Didouche Mourad, et le même jour, notre confrère El Djazaïr News a procédé à l'ouverture d'une librairie au 28 de la rue Burdeau. Avec une enseigne prestigieuse car elle s'appelle Socrate, cette librairie couplée à une maison d'édition, envisage de devenir un lieu de rencontre et d'échange autour du livre avec, chaque jeudi, un café littéraire. Située dans un quartier qui devient plus dense en librairies, son ouverture va donner à la concurrence un nouvel élan et ce ne sont pas les lecteurs et tous les amoureux du livre qui s'en plaindront, encore que l'on espère que ce mouvement gagnera aussi les banlieues d'Alger. Enfin, nous apprenons que le Musée national des arts modernes et contemporains d'Alger, 25 rue Larbi Ben M'hidi, vient enfin de se voir nommer un directeur par le Ministère de la Culture. C'est donc Mohamed Djehiche qui présidera aux destinées de cet établissement qui a entamé sa première phase avec un certain panache et un élan de popularité, tant au niveau des artistes que des publics. Docteur d'état en histoire de l'art auprès de l'université de Budapest, Mohamed Djehiche a notamment travaillé au Musée national des Beaux-arts et il a dirigé également l'Ecole supérieure des Beaux-arts. Spécialiste en miniature, c'est aussi un connaisseur de l'art moderne et contemporain et son expérience antérieure de conservateur lui servira sans doute à donner au Mama toute la sollicitude et la responsabilité d'un papa, ce que dans le monde de l'économie on appelle une « gestion en bon père de famille ».