« 400 000 postes d'emploi seront créés par année grâce à une nouvelle politique de l'emploi et une meilleure adéquation de l'enseignement et de la formation professionnelle avec la demande et les besoins du marché du travail », a déclaré, jeudi au musée du moudjahid d'Oran, le chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, qui est intervenu à l'ouverture du séminaire national sur l'émigration clandestine organisé par l'UNJA. Cette rencontre était prévue de longue date et les travaux programmés les 17 et 18 avril devaient se dérouler à l'USTO sous l'intitulé générique proposé sous forme de slogan « Cesser de ramer vers la mort ». Le public a eu droit à un long discours du chef de l'Exécutif, accompagné de Tayeb Louh et Djamel Ould Abbès, respectivement ministres du Travail et de la Solidarité nationale, qui a tourné autour du phénomène des harraga. L'explication proposée par M. Belkhadem pour analyser le phénomène des harraga a consisté à dire que « ces jeunes sont embrigadés dans un cercle vicieux : entre les illusions et la mort, l'illusion d'atteindre l'autre rive de la Méditerranée, de trouver un travail et de revenir au pays avec des moyens appréciables ». « Est-ce que le chômage à lui seul est suffisant pour expliquer ce phénomène ou est-ce la non-satisfaction du travail qu'on trouve et qui ne correspond pas à nos désirs ? », s'interroge le Premier ministre qui a plaidé la nécessité de déterminer avec exactitude les vraies raisons qui poussent des citoyens à risquer leur vie dans des traversées incertaines. Il a préconisé aussi la nécessité de continuer à écouter les jeunes et à leur transmettre des messages d'espoir. A aucun moment cependant il n'a approuvé les déclarations des concernés proposées dans un petit reportage projeté à l'occasion et dont quelques-unes ont été applaudies par l'assistance. « Celui qui ne trouve pas ce qu'il désire doit apprendre à aimer ce qu'il a. » Cette déclaration émise sous forme de maxime a été prononcée après avoir passé en revue les difficultés matérielles et sécuritaires qui ont entravé de par le passé le développement économique du pays avec l'annulation de beaucoup de projets dans les années 1980 et l'isolement vécu durant la décennie suivante. « Dieu merci, avec la concorde et la réconciliation nationale, la croissance est revenue et notre pays est maintenant un immense chantier », lance-t-il à l'égard des jeunes, M. Belkhadem estime néanmoins aussi que dans des domaines tels que la construction et l'agriculture, on se plaint paradoxalement du manque de main-d'œuvre. Il a critiqué une certaine attitude en disant qu'« on a proposé du travail à des jeunes d'une localité, mais qui ont refusé sous prétexte qu'Oran est loin de chez eux ». « C'est loin pour eux et pas pour les Chinois qui viennent de Pékin ? », s'est-il interrogé en outre pour mettre en avant son idée que cette attitude suicidaire, « ramer vers la mort », n'est pas due au manque de travail ou pas seulement. L'aspect aventure maritime que certains tentent d'avancer comme argument n'est pas non plus pertinent car les harraga qui vont toujours en groupe ont un but, celui d'aller gagner leur vie ailleurs (armés pour cela de récits vrais ou fictifs de leurs amis ou proches qui les ont précédés et ont réussi à atteindre l'autre rive) et on ne connaît pas, à titre indicatif, d'aventuriers qui émettent le souhait d'effectuer une traversée en solitaire de l'océan Atlantique par exemple. « Il y a un désespoir, mais qui est dû à quoi ? » Cette question posée par M. Belkhadem est laissée sans réponse.