Le risque d'atteinte rénale est très important si des mesures préventives ne sont pas mises en place, indiquent les spécialistes réunis pendant cinq jours à Alger à l'occasion du 10e Congrès de la Société arabe de néphrologie et de transplantation rénale. L'unique moyen d'assurer un traitement sûr et moins coûteux est, selon eux, de développer des centres de transplantation d'organes. « Les responsables politiques doivent renforcer et réglementer la transplantation d'organes dans leurs pays respectifs », ont-il déclaré en précisant que la transplantation rénale est la solution idoine pour le traitement des insuffisants rénaux, car en « l'absence de cette option, le recours à la dialyse péritonéale est souvent délaissée par les centres privés au profit de l'hémodialyse, par souci de gain rapide ». La mobilisation des pouvoirs publics, de la société civile, des imams pour la promotion de don d'organes est aujourd'hui, ont-ils indiqué, nécessaire afin d'augmenter le nombre de donneurs, eu égard aux résultats positifs enregistrés en la matière. Des fetwas ont été faites dans tous les pays arabes, à savoir en Egypte et en Arabie Saoudite, pour autoriser le don d'organes même entre personnes liées par le mariage et un lien familial tout court. Le Pr Yassine Chahat, premier consultant en néphrologie à Abu Dhabi aux Emirats arabes unis, a affirmé que tous les oulémas des pays musulmans et arabes ont affirmé que l'Islam encourage le don d'organes au sein de la même famille après vérification de la compatibilité ainsi que le don d'organes après la mort. Il est important, selon lui, de plaider dans ce sens, mais tout en s'assurant du bien-fondé du donneur et du receveur. Pour ce qui est des traitements administrés en attendant la greffe, il estime que la fabrication locale des solutions utilisées dans la dialyse péritonéale est à encourager, tout en établissant un échange entre les pays arabes pour faire face à la pression des grands laboratoires producteurs qui imposent des tarifs élevés. Il a aussi appelé à l'échange d'informations et d'expériences entre les spécialistes arabes en matière de néphrologie afin d'élargir et d'améliorer les prestations au profit des insuffisants rénaux et au diagnostic précoce à travers la biopsie. Pour le Pr Rayane, secrétaire général de la Société algérienne de néphrologie-dialyse et transplantation, la révision des textes réglementaires régissant les dons d'organes doit être revue afin de permettre à plus de malades d'en bénéficier de dons. Il a appelé au lancement des campagnes de sensibilisation sur le don d'organes à partir des cadavres. « Le recours aux organes prélevés sur des cadavres demeure la solution idéale pour prendre en charge les 300 insuffisants rénaux qui attendent leur tour à travers l'ensemble des centres hôspitalo-universitaires. » Il est, selon lui, impératif d'élargir le cercle des donneurs apparentés qui doit dépasser la sphère des conjoints jusqu'aux cousins germains. Tout en donnant l'exemple de l'Iran qui est devenu le premier Etat « greffeur » dans le Moyen-Orient grâce à sa politique nationale, l'orateur a appelé à la clarification de la loi relative au don d'organes à partir des donneurs apparentés. La prévention reste, d'après lui, le seul moyen d'éviter d'atteindre une situation chronique. Pour ce faire, il est important, a-t-il ajouté, de prendre en charge sérieusement les angines qui sont responsables, à raison de 30%, de cas d'insuffisance rénale (IR). Comme il est aussi nécessaire d'assurer une prise en charge précoce des facteurs de risque, essentiellement l'hypertension, le diabète et le tabagisme. D'autres moyens de prévention, tel le régime alimentaire qui peut, selon lui, réduire de 20% le risque d'une atteinte rénale, est aussi préconisé. Il a précisé que des études montrent que 10% des insuffisances rénales chroniques pourraient être évitées et que 30% d'entre elles pourraient être retardées, sous réserve d'une prise en charge adaptée.