C'était hier. Le 20 avril, les nombreux journaux du pays, en arabe et en français mais pas en tamazight, ont tous offert quelques mots et des chapelets de lignes à la revendication berbère pour rappeler les origines historiques et non négociables de l'Algérie, son imparable fonds culturel et ethnique, ainsi que le juste besoin de reconnaissance des derniers Imazighen encore actifs, à l'image des derniers Indiens qui refusent de tomber dans le folklore et les plumes. Le 21, on est déjà passé à une autre séquence, cherchant quelque chose d'autre à célébrer, un autre alibi pour se rappeler des gens, des époques et des points importants. L'Algérie est pleine de dates, exportatrice brute de dattes, jalonnée d'anniversaires qui représentent autant de ruptures, de tristes souvenirs ou de fêtes. Si l'Algérie est pauvre en élections, elle est par contre pleine de faits historiques, de débuts ou de fins de guerres, de journées noires ou rouges, de printemps obscurs ou verdoyants. Mais la bureaucratie des célébrations, du 5 juillet au 8 mars et du 20 avril au 5 octobre, ajoutée à la loi du nombre, a amené chacun à ne célébrer ses ancêtres qu'un jour par an. Tout comme elle amène chacun à ne considérer la moitié de l'Algérie, les femmes, qu'une journée sur 365, le 8 mars, et à ne se rappeler tout ce qu'induit l'indépendance, c'est-à-dire justices et libertés, qu'une fois par an, en juillet, une journée où il fait généralement très chaud. Comment en sortir et pourquoi n'acheter des pétards que les jours précédents le Mouloud ? Faut-il fêter le 5 juillet tous les jours, le 20 avril une fois par mois, le 5 octobre à chaque début de saison et le 8 mars chaque jeudi quand il fait beau ? Faut-il revoir le calendrier ? Ce serait une bonne idée. Si on avait le temps. On n'en a pas. Demain déjà le 22, puis le 1er mai, la fête des travailleurs. Encore du travail.