A Yemma, yemma, yemma, quel spectacle mes aïeux ! Rarement vu un spectacle aussi réussi. Takfarinas au Zénith de son art. L'enfant de Tixeraïne prouve, si besoin est, qu'il demeure le meilleur showman de la scène algérienne. Paris : De notre bureau Une bête de scène. La mythique salle de spectacles parisienne, Le Zénith, a vibré, chaviré, sous les envolées de la Yal music. Pour les moins avertis et pour résumer très vite ce genre musical inventé par Tak lui-même, c'est un savant mélange, au dosage secret, de la pop, du rock et de la folk (chaâbi) kabyle. A ne pas imiter sous risque de ridicule. Le son est chaud, rebelle, fier. Il se joue des circonvolutions orientales, se moque des langueurs et flirte avec différents courants musicaux. Une pointe de jazz, de temps à autre, n'a jamais fait de mal. Et comme nous confiait-il, il y a peu, il ne le suffit pas de chanter, il faut aussi savoir parler au public. Et lui, il est tribun en chef dans ce domaine. « La musique doit avoir un langage pour le cœur, un autre aux tripes… et même à l'estomac du public », remarque l'artiste anatomiste. Pendant la soirée du 19 avril, il a su s'adresser à son public. Le faire asseoir, le tenir debout, le faire danser, lui faire faire des chorégraphies improvisées ou travaillées. Oui, Tak est bien notre « James Brown » à nous. C'était chaud, chaud, chaud. Pour son grand retour, il a voulu les choses en grand, elles furent immenses. D'abord l'affluence, la salle était comble, à peine 50 cm2 par personne pour danser. Alors que le spectacle a démarré à 20h30, il y avait encore du monde devant les guichets à 23h. Puis le parterre, Chérif Kheddam, Kamel Hamadi, Jura, Akli Yahyatène et la nouvelle voix soufie montante Wahab, choisi par Tak comme choriste. Ensuite l'ambiance, électrique, survoltée. Au bout de quelques chansons, on se dit que Tak allait craquer, que le rythme était insoutenable, épuisant. Mais l'auteur de Wey thelha en voulait. Il désirait montrer et démontrer, donner à voir et à entendre et surtout prouver à ceux qui le voyaient mort et enterré artistiquement qu'il était toujours là, plus présent que jamais. Qu'il demeure le king. Le Zénith grondait, acquiesçait, aimait. Car entre Takfarinas et son public c'est une grande histoire d'amour, quelquefois parsemée d'incompréhensions. Le compositeur de Romane a su trouver la juste note. Et pour fêter le printemps berbère, un hommage à Matoub Lounès, une chanson au rythme lunaire. Grand moment de recueillement et d'émotion. Une fois la fièvre tombée, il faut de nouveau retrouver la voie de la patience. Son prochain album, composé de moitié de chansons chaâbi, ne sera disponible qu'en 2009.