Il est scandaleux que l'ouverture d'un bureau du FBI à Alger n'ait pas donné lieu à des critiques des politiques ou des médias. » C'est ce qu'a déclaré l'avocat Tahar Bentaleb lors d'une table ronde tenue hier au siège du quotidien El Moudjahid, sous le thème « Notion de poursuite et d'ingérence ». Celui pour qui les dirigeants des Etats-Unis s'inspirent de la philosophie de Machiavel pour mener leur politique extérieure enchaîne : « Le FBI est censé enquêter sur les affaires intérieures des Etats-Unis. La CIA se charge des affaires extérieures. Pour moi, ce bureau du FBI n'est que le vêtement dans lequel se déguise la CIA. S'ils veulent cultiver les valeurs de la démocratie en Algérie, pourquoi ne pas donner des cours. Nous n'avons pas besoin d'un bureau du FBI. » Pour Me Abdelatif Azzi, avocat et responsable de la communication de la commission nationale d'application des dispositions de la loi portant réconciliation nationale, « même les rapports sur les droits de l'homme rédigés par le Département d'Etat américain sont une forme d'ingérence ». Les exemples d'ingérence sont légion. Les conférenciers ont cité, à titre illustratif, les derniers événements autour du Tibet, la crise du Darfour, l'arche de Zoé… Cherif Chorfi, avocat, estime que « la confusion est sciemment entretenue ». « L'ingérence drapée d'une aide désintéressée », constate-t-il. Pour Mme Assoul, présidente du réseau des femmes juristes, « si les Américains défendent leurs intérêts, c'est dans l'ordre naturel des choses. Sauf que les pays arabes ne savent pas se défendre ». Elle poursuit : « Lorsque la facture alimentaire dépend à 90% de l'étranger, je ne sais pas si nous avons les moyens de parler de souveraineté. »