La rencontre, organisée jeudi après-midi au Centre Pierre Claverie sur le thème de « Oran, trois styles d'écriture : littérature, journalisme et théâtre » pour dire la ville à partir de la ville, a été riche en débats, animés par l'auteur Bouziane Ben Achour, qui a entretenu longuement l'assistance sur son expérience dans l'écriture romanesque, dramaturgique et journalistique. Les nombreux invités ont suivi attentivement l'intervention du conférencier qui a parlé de son itinéraire fabuleux, à partir de ses souvenirs d'enfance dans un lieudit chargé d'histoire, en l'occurrence « Kouchet El Djir » (four à chaux), zone d'exclusion située à la porte sud d'Oran, qui accueillait, durant la période coloniale, une forte communauté d'ouvriers agricoles du Rif marocain, employés dans l'usine à chaux édifiée à proximité de gisements de tuf et dans les potagers avoisinants. Avec émotion, il évoque de douloureux souvenirs de son père, décédé récemment. Avec les mêmes sentiments, il relatera sa rencontre et son amitié avec le défunt Abdelkader Alloula au Théâtre régional d'Oran (TRO) avec lequel il a fait un bout de chemin en tant que comédien professionnel. Poursuivant son intervention, Bouziane Ben Achour a également fait part de ses premiers amours avec les salles de rédaction avec une prédilection pour le reportage, d'abord au quotidien El Djoumhouria (ex-La République') au défunt et incomparable hebdomadaire Algérie Actualités et enfin à El Watan, où il exerce son métier de journaliste depuis 12 ans déjà. Puis vint l'art scénique, auquel il consacra des critiques, des pièces et des essais sur le théâtre et les figures emblématiques de la musique. Il y a enfin l'écriture romanesque. Il en est à son cinquième roman Hal'Aba (solution pour les parents), mais qui fait aussi allusion aux contrebandiers de la frontière algéro-marocaine spécialisés dans le passage clandestin de citernes et de fûts de carburants. Le sixième est en chantier. Pour parler de son métier, il dira que « le journalisme est une écriture de l'urgence, une écriture de l'instantané ; alors que le théâtre est une écriture plus directe, avec sa musicalité et son mouvement ; en soulignant au passage que le théâtre est un art de masse par essence, un art du contact direct avant toute chose ». En ce sens, il parlera longuement de la technique théâtrale qui n'est pas celle du roman de sa production littéraire, Dix Années de solitude (2003), Sentinelle oubliée (2004), Hogra et Fusil d'octobre (2006), édité par Dar El Gharb, il faut ajouter huit pièces théâtrales, toutes montées en Algérie, et trois essais. Quelques-uns de ses ouvrages écrits pour la plupart en français ont été traduits dans d'autres pays, notamment en Angleterre, en Syrie et en Jordanie, alors que ses essais sur le théâtre intéressent actuellement des maisons d'édition du Caire, de Tunis et de Casablanca.